Escalade diplomatique inédite : les 3 dossiers qui déchirent la France et l’Algérie

Escalade diplomatique inédite : les 3 dossiers qui déchirent la France et l’Algérie

Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie n’avait jamais connu de relations aussi tendues avec la France. Le mardi 15 avril, Paris a rappelé son ambassadeur en poste à Alger pour des consultations et a expulsé douze diplomates algériens. Cette décision fait suite à une mesure identique prise la veille par l’Algérie, qui avait exigé le départ de douze agents français.

Ces expulsions mutuelles ont été déclenchées par l’arrestation, le 11 avril, d’un employé du consulat algérien à Créteil par la police française. L’homme est soupçonné d’être lié à l’enlèvement d’un influenceur critique envers le régime algérien. Cet épisode s’inscrit dans une série de différends diplomatiques qui s’intensifient depuis l’été 2024 et qui reposent sur trois grands sujets.

La question du Sahara occidental

Les tensions se sont aggravées après une lettre envoyée, le 30 juillet 2024, par Emmanuel Macron au roi du Maroc, Mohammed VI. Le président français y affirmait que l’avenir du Sahara occidental devait s’inscrire dans le cadre de la souveraineté marocaine. Bien qu’il n’ait pas explicitement reconnu l’appartenance de ce territoire au Maroc, il soutenait le plan d’autonomie proposé par Rabat à l’ONU en 2007.

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Ce revirement a profondément irrité l’Algérie, qui soutient le Front Polisario, un mouvement indépendantiste sahraoui. En réponse, Alger a immédiatement rappelé son ambassadeur en France. Ce changement de cap marque un rapprochement entre Paris et Rabat, après des années de froid, notamment dues à l’affaire Pegasus, logiciel espion qui aurait ciblé des responsables français pour le compte du Maroc.

Emmanuel Macron chercherait ainsi à relancer l’influence de la France en Afrique en misant sur le Maroc, devenu un acteur majeur dans la région sahélienne.

Les tensions autour de l’immigration

La crise s’est également cristallisée autour de l’expulsion d’Algériens en situation irrégulière. En janvier, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a expulsé un influenceur algérien, « Doualemn », accusé d’incitation à la violence. Mais l’Algérie a refusé de l’accueillir et l’a renvoyé à Paris. Retailleau a dénoncé une volonté d’humiliation, mais sa décision a ensuite été annulée par la justice française.

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Face aux blocages, le Premier ministre François Bayrou a menacé de revoir l’accord de 1968 qui encadre la circulation des Algériens en France. Pourtant, selon les chiffres officiels, le taux d’exécution des OQTF pour les Algériens reste comparable à celui d’autres pays du Maghreb.

L’affaire Boualem Sansal

Enfin, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné fin mars à cinq ans de prison en Algérie, pour avoir déclaré que l’ouest du pays appartenait au Maroc. L’affaire a suscité une forte réaction en France, où le gouvernement dénonce une répression politique. Emmanuel Macron a exprimé l’espoir d’une libération prochaine, mais la dégradation des relations rend cette perspective incertaine.

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