Dans un contexte marqué par une dangereuse et menaçante escalade entre l’Algérie et le Maroc, le ministre des Affaires étrangères du Royaume Chérifien, fait mine de ne pas voir que la région sombre dans l’instabilité. Alors que l’Algérie multiplie les accusations, le Maroc continue de faire la sourde oreille.
Invité de RFI, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, s’est penché sur l’octroi de statut d’observateur à Israël au sein de l’Union Africaine, Sur la question palestinienne, et sur le Sahara Occidental. Tous ces sujets impliquaient de parler de l’Algérie. Chose que Bourita n’aime apparemment pas faire.
Israël – Afrique : une autre confrontation entre le Maroc et l’Algérie
Pour Bourita, « l’Afrique a changé, l’Union africaine a changé ». Il dit que « 44 pays africains ont des relations avec Israël » et que « cette réalité ne plait pas à 4 pays ». Confiant, il assure que l’union africaine « n’est plus la chasse gardée d’un pays ou deux qui peuvent dire « non, on va bloquer » ».
Sur les raisons qui poussent le Maroc à défendre la décision d’octroyer à Israël le statut d’observateur, Bourita nie qu’elles ont une quelconque relation avec les accords commerciaux et de défense que le Royaume chérifien entretient avec Israël.
Bourira assure que « le Maroc est engagé au côté du peuple palestinien. Nous sommes tous pour une solution à deux États. Lorsqu’on est pour une solution à deux États, c’est qu’on doit reconnaître deux États ». Du point de vue du chef de la diplomatie chérifienne le Maroc « est clair par rapport à ses positions » et « n’instrumentalise pas les causes des autres ».
« Le Maroc souhaite également que l’évolution de sa relation avec Israël puisse permettre la réalisation des droits du peuple palestinien à avoir un État indépendant », a-t-il aussi déclaré.
L’Algérie est « dans l’excès », selon Bourita
Depuis que le Maroc a normalisé ses relations avec Israël, l’Algérie monte au créneau. La diplomatie algérienne multiplie les accusations et ne tarde pas à passer à l’action. Après l’annonce de la rupture des relations diplomatiques, est tombée la décision de fermer l’espace aérien, et la suspension du gazoduc Maghreb- Europe.
Bien que ces décisions avaient eu un impact considérable sur le Maroc, et qu’elles furent suivies de maintes accusations, Bourita indique qu’il a « arrêté de suivre ce que dit l’Algérie ou la diplomatie algérienne, parce que je vois qu’il y a beaucoup de contradictions, beaucoup de choses ». Selon Bourita, l’Algérie est dans l’excès, et « lorsqu’on est dans l’excès, on n’a plus d’impact », ajoute-t-il.
À propos du risque d’une confrontation armée entre le Maroc et l’Algérie, Bourita fait mine de ne même pas y penser. Il assure que« le Maroc n’est pas dans l’escalade ». Balayant d’un revers de main les accusations de l’Algérie, Bourita déclare que « le Maroc n’insulte pas l’avenir et le Maroc pense qu’on ne change jamais la géographie ».
Bourita poursuit son discours de main tendue, oubliant la course à l’armement constatée du côté des deux pays, la mort de deux camionneurs algériens, tués par des drones, au Sahara Occidental, et les tensions aux frontières. Il déclare que « la démarche de sa majesté le roi est de ne pas aller dans l’escalade et de se concentrer sur ce qui nous unit et pas sur ce qui nous désunit ».
L’Algérie ne fera pas le premier pas
« L’Algérie ne fera la guerre qu’en légitime défense. L’Algérie a trop connu les affres de la guerre coloniale pour souhaiter s’engager dans une confrontation armée avec un pays voisin », a déclaré Ramtane Lamamra il y a deux jours lors d’un entretien accordé à RFI.
Lamamra n’a pas omis toutefois de souligner que « Il faut se demander si ceux qui développent des coopérations militaires avec des puissances militaires étrangères qui n’ont rien à voir avec la région nord-africaine ne sont pas ceux qui parient sur le pire ».