Des services marocains sont confrontés à de graves accusations d’espionnage mené contre des dizaines de journalistes et personnalités médiatiques, selon une enquête publiée ce dimanche 18 juillet dans plusieurs médias internationaux. 6000 numéros de différentes personnalités algériennes, ont été sélectionnés en vue d’une éventuelle surveillance.
En effet, des médias de renommée mondiale, dont Le Monde, The Guardian, The Washington Post, ont rapporté, hier dimanche 18 juillet 2021, qu’un service de sécurité marocain a fait recours à un logiciel-espion mis au point par une société israélienne pour espionner pas moins d’une trentaine de journalistes « critiques du pouvoir ».
Il s’agit du logiciel espion « Pegasus » de la société israélienne NSO Group. Une fois introduit dans un smartphone, ce programme permet « d’en récupérer les messages, les photos, les contacts, et même d’écouter les appels de son propriétaire », indique-t-on.
Selon le quotidien français le Monde, ce logiciel « été vendu au Maroc, juste avant le rétablissement de ses relations diplomatiques avec Israël ». Ainsi, plusieurs journalistes ont été ciblés, parmi eux des Marocains, des Français et même des Algériens. Pour sa part, « le Security Lab d’Amnesty International », partenaire technique du consortium formé par Forbidden Stories, a confirmé qu’après leur sélection, des téléphones ont été infectés.
50 000 numéros de téléphone sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle
En effet, les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à une liste, établie en 2016, de 50 000 numéros de téléphone que les clients de NSO avaient sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle. Il s’agit des « numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains, ou encore 65 chefs d’entreprise… ».
Parmi les journalistes ciblés au Maroc, on trouve essentiellement des journalistes critiques du pouvoir, dont Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar Al-Yaoum qui a été condamné à quinze ans de prison pour « viol » alors que le procès avait été considéré comme « politique ». Des responsables des médias indépendants critiques, à l’effigie d’Ali Amar, fondateur du Desk, ou Hamid El-Mahdaoui, d’El Badil, ont été également ciblés.
D’autre journalistes français, algériens ou encore marocains, ont été visés. À ce propos, le document souligne l’existence de pas moins de 10 000 numéros appartenant aux journalistes de ces pays cités, qui ont été sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle. Selon une carte publiée The Guardian, 6000 journalistes algériens y figurent dans cette liste.