Essai isuzu D-MAX – Premier essai

Essai isuzu D-MAX – Premier essai

Surtout connu pour ses increvables camions qui sillonnent l’Asie et l’Afrique, Isuzu est aussi un spécialiste du pick-up. Le nouveau D-Max est l’héritier d’une saga qui remonte à 1963. Ce dernier opus arrive sur un marché concurrentiel où les récents VW Amarok et Ford Ranger tentent déjà de bousculer la hiérarchie. Le D-Max est-il armé pour faire la différence ?

Marrakech (Maroc) — De notre envoyé spécial

A l’origine engin de chantier ou véhicule agricole, le pick-up représente un marché d’environ 11.000 unités chaque année en France. Mais la donne pourrait bien changer cette année avec l’apparition du malus de 6.000 euros qui frappe la majorité des 4×4 de franchissement comme le Land-Rover Defender, la Jeep Wrangler ou même la Lada Niva. Une taxe à laquelle échappent les pick-up, considérés comme des véhicules utilitaires même en version double-cabine et 5 places.

Essai Isuzu D-Max

UN D-MAX PLUS CIVILISÉ

Associant look et vraies aptitudes tout-terrain, les pick-up deviennent donc une alternative intéressante aux 4×4 traditionnels, surtout que depuis quelques années les constructeurs s’efforcent de rendre ces engins plus civilisés. Le nouveau D-Max suit le mouvement et perd le côté brut de décoffrage de la précédente génération, gagnant une face avant plus expressive, un dessin de cabine moins taillé à la serpe, et des dimensions en nette hausse, la longueur par exemple progressant de 27 centimètres !

Ainsi avec ses 5,29 mètres de long, 1,86 de large et près d’1,80 mètre en hauteur, le D-Max talonne le gigantesque Ford Ranger au hit-parade des engins de série les plus imposants. Il en profite surtout pour gagner en habitabilité, devenant ainsi le plus vaste de sa catégorie. Les passagers y sont en effet à l’aise et, une fois n’est pas coutume, les places arrière ménagent un espace aux jambes conséquent tandis que le dossier arrière, plus incline, s’avère plus confortable que dans la précédente génération à l’habitabilité étriquée.

Autre progrès notable, la finition et le design de la planche de bord font un bond en avant en termes de qualité perçue. Dans le détail, il faut en revanche composer avec des matériaux exclusivement durs et parfois un peu cheap d’aspect, tandis que l’assemblage est tout juste passable. Mais l’ergonomie est bonne et le poste de pilotage tend à se rapprocher de la catégorie 4×4, faisant ainsi en grande partie oublier les origines utilitaires de l’Isuzu.

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EN PROGRÈS SUR LA ROUTE

Isuzu tient en revanche à rappeler qu’il est un constructeur de camions, et que cela se ressent directement sur ses pick-up. C’est vrai notamment pour le solide châssis échelle digne d’un poids lourds et conçu pour encaisser sans sourciller les 1.080 kilos de charge qu’il est capable d’embarquer, tout en sachant que la grande majorité de ces engins circulera le plus souvent en surcharge. Le D-Max peut également tirer une remorque jusqu’à 3 tonnes.

Côté trains roulants, l’Isuzu adopte enfin des ressorts à l’avant et conserve, comme presque tous ses concurrents, un pont rigide et de solides lames de flexion à l’arrière. L’accord des suspensions est étonnant, bien plus réussi que sur un Amarok d’origine, procurant même un semblant de confort à vide sur route à condition toutefois d’être assis à l’avant, les places arrière étant à réserver au choix à votre belle-mère ou à des amis que vous souhaitez durablement éviter, du fait des éprouvantes trépidations de suspension.

Toutefois, reconnaissons au nouveau D-Max de flagrants progrès sur la route, dus en grande partie au système TCS-ESC de série gérant à la fois la motricité et la stabilité. Comme la grande majorité des pick-up, le japonais reste un 4×2/4×4 enclenchable, c’est-à-dire que sur la route, seules les roues arrière seront motrices. Le comportement est tout à fait sain même sur surfaces glissantes, et il est possible de passer, jusqu’à 100 km/h, en 4 roues motrices grâce à une simple molette.

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MOTEUR : DOWNSIZING AU PROGRAMME

Sous le capot, l’ancien 3 litres laisse sa place à un 2,5 litres de même puissance (163 chevaux) mais procurant un couple supérieur (400 Nm contre 360 auparavant). Plus discret mais également plus alerte, ce bloc est par ailleurs en théorie plus économique, à condition d’opter pour la nouvelle boîte de vitesse mécanique à 6 rapports, à la commande malheureusement « camionesque » et à la sélection plus que floue des rapports.

Les amateurs d’automatisme pourront quant à eux choisir une nouvelle boîte à 5 rapports seulement, et dont le convertisseur semble absorber une bonne partie de la puissance. Très douce, plutôt lente mais assez agréable, cette boîte sacrifie un peu les performances sur l’autel de l’agrément de conduite. Même si elle n’est pas des plus modernes, elle nous semble un choix plus pertinent pour le D-Max, notamment en tout-terrain.

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UN VRAI 4X4

Car un essai routier n’a finalement que peu d’intérêt pour ce genre d’engin. Plus à l’aise que son prédécesseur sur le bitume, le nouvel Isuzu ravira surtout les pratiquants « off-road ». Commençons par les rares lacunes de l’engin en la matière : si l’empattement long peut s’avérer gênant, il est compensé par une garde au sol généreuse (235 mm), mais c’est surtout le porte-à-faux arrière, accentué par l’imposant pare-chocs, qui pourra poser problème en sortant de certaines difficultés.

Pour le reste, le D-Max est un sérieux candidat en tout-terrain. Impérial sur piste, il permet d’atteindre des vitesses élevées en toute sérénité. Pour les plus joueurs, il est possible de déconnecter toutes les aides électroniques afin de provoquer de belles dérives. Sur le sable et malgré sa masse de près de 2 tonnes, la motricité est également sans faille et l’Isuzu passe à peu près partout sans difficulté à condition bien sûr de dégonfler les pneumatiques. Enfin, en franchissement, la gamme courte très efficace (ratio de 1 :2.48) permettra de venir à bout des principales difficultés, même si le système électronique ne remplace pas un vrai blocage mécanique.

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MOINS DISCOUNT MAIS TOUJOURS RAISONNABLE

L’ancien D-Max avait pour principal argument un prix canon en fin de carrière. C’est un peu moins vrai pour le nouveau, qui reste toutefois moins cher que la plupart de ses concurrents directs. Les tarifs démarrent ainsi à 22.963 euros pour un simple cabine 4×2/4×4 en version Satellite d’entrée de gamme et culmine à 35.808 euros pour le Quasar double cabine BVA. C’est en moyenne 3.000 à 5.000 euros moins cher qu’un VW Amarok globalement moins homogène.

Dans sa finition intermédiaire Solar (32.937 € en double cabine), l’équipement est déjà complet avec la climatisation automatique, le régulateur de vitesse, l’autoradio MP3 et Bluetooth et bien sûr le TCS-ESC de série sur toute la gamme. Côté consommation, notre parcours essentiellement tout terrain ne permet pas d’établir des valeurs représentatives, mais les 8,4 l/100 annoncés pour la version BVA paraissent une fois encore très optimistes, la consommation réelle se situant plutôt entre 10 et 11 litres en usage mixte. Quant aux rejets de CO2, ils s’établissent à 194 et 220 g/km en BVM et BVA).

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NOTRE AVIS

Progressant sur tous les points, le nouveau D-Max devient l’une des références du segment des pick-up. Toujours adapté à un usage utilitaire, il gagne nettement en agrément même si le confort à vide est toujours problématique. Mais il constitue une base idéale pour les pratiquants de 4×4 à la recherche d’un véhicule sérieux, solide, efficace et bien placé question tarif.