ESSAI VOLVO V40 1.6 D2 115 CH

ESSAI VOLVO V40 1.6 D2 115 CH

En s’invitant sur le créneau des compactes Premium, la Volvo V40 vient chasser sur les terres des Audi A3, BMW Serie 1 et Mercedes Classe A. Si sa ligne fait tourner les têtes, la belle suédoise fait aussi de la sécurité son crédo, tradition Volvo oblige. Un argument suffisant pour bousculer la hiérarchie ?

Changer d’image est souvent long et difficile. Certains y parviennent au prix de nombreux efforts. Citroën a ainsi su tourner la page des années Xsara et Guy Roux pour se forger une image plus haut de gamme et novatrice. Tandis qu’Audi, marque créée presque artificiellement sur les restes de l’ancien Auto Union lutte désormais les yeux dans les yeux avec les sempiternelles références BMW et Mercedes.

C’est ce qu’aimerait aussi faire Volvo, sans doute lassé de son image rassurante mais peu séduisante de constructeur de breaks familiaux, sûrs, solides mais pas folichons. Avec les XC60 puis la C30, la marque suédoise a réussi à faire bouger ses lignes : oublié le design de « parpaing » à roulettes des anciennes Volvo, les petites nouvelles sont plus latines, plus affriolantes, tout en conservant une vraie identité maison.

La V40 vient à point nommé pour transformer l’essai et confirmer le changement de stratégie. En laissant plus de place à la séduction sans renoncer aux valeurs de la marque, sécurité en tête, la nouvelle venue s’apprête à affronter le gratin de la catégorie : BMW Serie 1Mercedes Classe A et Audi A3. Un trio fraîchement renouvelé qui ne fera absolument aucun cadeau à la belle scandinave.

LA PLUS LATINE DES SUÉDOISES

C’est une bonne nouvelle : les designers de chez Volvo ont depuis quelques années été priés de laisser au placard les lignes droites et les dessins tranchés à la hache. Chaque nouveau modèle semble même pousser un peu plus loin l’audace du design, comme si le bureau de style osait enfin se lâcher sur la planche à dessins.

La V40 ne manquera pas de surprendre et, le plus souvent, de séduire. A mi-chemin entre berline cinq portes et break (d’où l’appellation V), la nouvelle affiche des lignes plutôt latines, faites de courbes et de galbes. Pour autant, on notera quelques clins d’œil à des grands classiques de la marque comme le coupé P1800 dans le décroché latéral et le dessin du hayon ; ou encore la face avant typique des récentes productions de la marque.

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Avec ses 4,37 m de long, cette compacte semble visuellement bien plus imposante qu’elle ne l’est en réalité, faisant même preuve d’une certaine présence sur la route, à l’arrêt ou en dynamique. Une belle réussite même si l’appréciation du design reste éminemment subjective.

Si la V40 n’est pas à proprement parler un break, son appellation et ses dispositions la mettent également en concurrence avec l’Audi A3 Sportback, comme elle l’une des rares compactes à proposer une réelle vocation familiale.

ENCORE UN EFFORT…

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Puisque la Volvo se propose de concurrencer ses rivales allemandes, l’habitacle se doit lui aussi d’être irréprochable. Niveau design intérieur, aucun problème : la planche de bord et la console centrale « flottante » s’avèrent aussi originales que réussies. Là aussi, les designers ont eu la main heureuse et si les teintes noires manquent un peu de chaleur, l’intérieur séduit.

Cela se complique côté ergonomie où la profusion de boutons sur la console et le nombre de sous-menus (à l’organisation parfois peu rationnelle) rend certaines manipulations fastidieuses. Les riches fonctionnalités des équipements de série ou optionnelles sont quelques peu compliquées par ce manque de logique et de simplicité. Vite, une commande type MMI (Audi) !

On restera également un peu sceptique devant les trois thèmes de tableau de bord (ci-dessous), amusants mais dispensables sauf à vouloir constamment changer le graphisme (par ailleurs peu intuitif) de ses cadrans. Côté finition, la suédoise se rattrape en proposant une belle qualité de matériaux et des ajustements le plus souvent sérieux. On note toutefois un certain laisser-aller sur quelques plastiques en partie basse où l’on trouve également de rares jeux d’accotement. Bref, si le sans-faute n’est pas loin, il faudra encore un petit effort pour rattraper les rivales germaniques.

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)
Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)
Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Enfin, si la ligne évoque un break, l’habitabilité reste celle d’une compacte. On en connaît même de plus logeables, surtout à l’arrière, où seuls deux passagers seront vraiment à l’aise… à condition de ne pas être trop grands, surtout au niveau des genoux ! De même avec seulement 335 litres, le volume du coffre s’avère plutôt décevant, alors que la silhouette laissait présager une plus grande soute à bagages.

CHAMPIONNE DE LA SÉCURITÉ

La suédoise prend sa revanche sur le chapitre de la sécurité, à la fois marotte et marque de fabrique de Volvo. La V40 inaugure ainsi le très innovant airbag piéton (de série sur toute la gamme), première mondiale et invention maison. Combiné à un capot qui se soulève et recule, ce dernier promet de minimiser la gravité d’un éventuel choc avec un piéton.

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Éventuel, car la V40 est bardée, de série ou en options, de toute une kyrielle de systèmes électroniques d’aides à la conduite. Parmi eux, le City Safety amélioré propose toujours de prendre en charge le freinage d’urgence en ville, mais il est désormais opérationnel jusqu’à 50 km/h (contre 30 km/h auparavant). Il peut être complété par un dispositif de détection piéton grâce à l’association d’une caméra et d’un radar.

Sont également proposés le Bliss (système de surveillance d’angle mort et de véhicule en approche), le régulateur de vitesse actif, l’alarme de détection de véhicule en marche arrière ou encore l’alerte de franchissement de ligne active. Bref, un vrai sans-faute sécuritaire… mais pour lequel il faudra le plus souvent mettre la main au portefeuille.

D2 : SERVICE MINIMUM

Nous avons pu essayer la Volvo V40 dans sa version Diesel d’entrée de gamme D2, laquelle devrait constituer le gros du bataillon des ventes. Il s’agit du bien connu 1.6 d’origine PSA/Ford développant 115 chevaux et associé uniquement à une boîte mécanique à 6 rapports. Avec une consommation de 3,6 l/100 km annoncée et des rejets de CO2 limités à 94 g/km, il fait aussi bien qu’une citadine et s’adjuge même le record de la catégorie.

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Oui mais voilà, ce Diesel assure le strict minimum en termes de performances et, surtout, d’agrément. Passe encore le fait qu’il donne en permanence l’impression de rouler avec le frein à main, mais son manque de tonus sous 1.700 tours est criant, la faute à une boîte démesurément longue qui rend atone une mécanique d’habitude plus volontaire.

Sans surprise, c’est la traque au CO2 qui a imposé cette démultiplication exagérée rendant le sixième rapport quasiment inutilisable ailleurs que sur autoroute. Seule consolation, le niveau sonore est remarquablement contenu. Les 5 cylindres D3 et D4 de 150 et 177 chevaux sont évidemment bien plus plaisants, mais le ticket d’entrée également nettement plus élevé, surtout en boîte automatique.

SÉRÉNITÉ AU VOLANT

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Volvo ne voulait semble-t-il prendre aucun risque durant ces essais, puisque nos modèles étaient chaussés de pneus Michelin Pilot Sport 3 en 225/40*18 ! Une gomme et une dimension plutôt dévolues à des modèles (très) sportifs, mais franchement exagérées sur une compacte Diesel de 115 chevaux. Evidemment, dans cette configuration, le grip s’est avéré phénoménal et la voiture imperturbable, comme rivée au sol.

La V40 n’a pourtant pas besoin de tels artifices pour démontrer son savoir-faire. En attendant de pouvoir l’essayer avec des montes plus raisonnables (en 16 pouces par exemple), on a pu noter l’excellent équilibre du châssis, certes typé sous-vireur mais assez équilibré. Dommage que la direction électrique, paramétrable, n’offre aucun ressenti.

Forte d’une belle neutralité et très saine, la Volvo V40 se dispense aisément du Pack Sport optionnel qui abaisse la suspension de 20 mm. Le niveau de confort est très bon malgré les inévitables trépidations et remontées sèches, dues là encore en grande partie à notre monte pneumatique inadaptée. Si elle est capable de faire preuve de dynamisme, c’est finalement avec sérénité que la V40 se conduit, tout en conservant un vrai agrément de conduite grâce à un châssis bien né.

Essai : Volvo V40 1.6 D2 115 ch (2012)

Côté tarifs, la V40 reste fidèle à la tradition Volvo, toujours situé entre généralistes haut de gamme (Citroën DS4Volkswagen Golf 6…) et modèles premium. Moins exorbitante qu’une Audi A3, la V40 débute à 24.980 € en finition Kinetic (en version D2 ou T3 essence de 150 ch). Notre modèle Xenium haut de gamme atteignait pour sa part 31.600 € hors options, tandis que la version D4 Geartronic culmine à 37.220 euros.

Un tarif certes non négligeable mais qui a le mérite de rester plus accessible que les rivales allemandes, d’autant que l’équipement est assez fourni dès la version de base. Volvo prévoit une grande majorité de finitions Momentum disposant déjà de la climatisation bi-zone, du régulateur ou encore de l’autoradio CD MP3. Les 94 g/km de CO2 rejetés par la version D2… en jantes 16 pouces permettront symboliquement de bénéficier du bonus de 100 euros.

Reste que la consommation n’atteindra pas, loin s’en faut, les 3,6 litres annoncés. Tablez plus raisonnablement sur une moyenne de 5,5 l., un chiffre déjà honorable obtenu sans effort particulier. Mais attention à la longueur des rapports qui, si elle fait baisser la consommation à vitesse stabilisée, la fait augmenter le reste du temps puisqu’il vous fait recourir (trop) fréquemment au levier de vitesses…