Les partis politiques du groupe des «Forces de l’alternative démocratique», réunis avant-hier, ont encore une fois exprimé leur rejet à «la feuille de route du pouvoir» et leur non-adhésion au dialogue auquel appelle le chef de l’Etat intérimaire et dont la mission périlleuse de le mener a été confiée à un groupe de personnalités appelé communément panel.
La rencontre de lundi a vu la participation de l’ensemble des partis constituant l’«Alternative démocratique» ainsi que la LADDH représentée par Noureddine Benissad. La question relative au dialogue que doit mener l’instance de médiation et de dialogue que coordonne l’ex-président de l’APN, Karim Younès, n’a pas été la question centrale de la rencontre, mais «seulement un point abordé parmi d’autres», nous a-t-on fait savoir.
Les partis de l’«Alternative démocratique» estiment que «quand une personne a été choisie par le pouvoir, il est clair que c’est pour lui faire faire son travail, du moment que – et c’est ce à quoi nous sommes en train d’assister – c’est la feuille de route du pouvoir que cette personne est en train d’appliquer».
Les partis en question déclarent qu’ils s’en tiennent, ainsi, à leur feuille de route élaborée et dévoilée il y a quelque temps. «Notre feuille de route est la même. Nous la maintenons et poursuivons notre travail, à savoir la préparation de la Convention que nous devons tenir le 31 août prochain, avec ceux qui ont choisi une vraie transition démocratique», a déclaré le premier secrétaire du FFS, Hakim Belahcel.
Même son de cloche du côté du Mouvement démocratique et social (MDS), qui affirme que l’appel au dialogue que doit mener le panel de personnalités est «une initiative du chef de l’Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, donc l’initiative du pouvoir». Son président, Fethi Gheras, qui préfère ne pas trop «polémiquer sur le panel ou sa composante», estime qu’il y a des priorités qu’il faut définir pour sortir le pays de la crise, en commençant par le «processus constituant».
«Le problème est politique. Il lui faut une solution politique. Le processus constituant offre plusieurs choix, donc plusieurs voies pouvant mener à des solutions. C’est un processus qui peut durer un à deux ans, donc une période de transition dont la durée restera à définir», selon M. Gheras.
Il poursuit en expliquant : «Même si la période peut sembler un peu longue, il faut que le peuple puisse s’organiser pour arriver à une réelle rupture avec l’ancien système. Il ne faut pas que la transition soit courte car, dans ce cas, elle reproduira les rapports de force ayant précédé le 22 février 2019, début de la date de la révolution pacifique populaire. La période de transition doit donner à l’Algérie le temps suffisant pour qu’elle s’installe dans une dynamique de rupture».
Le MDS se dit pour un vrai dialogue national devant être mené hors du pouvoir, d’où son soutien et son appel à «une conférence nationale de dialogue». Il se dit pour un débat national large, devant réunir les partis politiques, la société civile, et où l’institution militaire devra jouer un rôle important, car c’est la garante et qui représente la continuité de l’Etat. «C’est ainsi qu’on arrêtera, par la suite, l’agenda de la transition, le présidium de personnalités, ainsi que le gouvernement de transition.
C’est également durant la transition qu’on pourra débattre du choix d’aller vers une élection présidentielle ou une assemblée constituante…». M. Gheras souligne que «dans tous les cas, il faut aller vers un débat national, lequel pourra se terminer, pourquoi pas, par un référendum. C’est ce qui donnera une souveraineté à la conférence nationale… Il faut se donner le temps pour construire une Algérie démocratique et ne pas commettre les mêmes erreurs que nous avons vu dans d’autres pays, où il y a eu des transitions ratées», insiste-t-il.
Au FFS, on estime que le dialogue que devra mener le panel de personnalitĂ©s choisies par le pouvoir sera «un pseudo dialogue dont le seul objectif est l’organisation de l’élection prĂ©sidentielle qu’il compte imposer». Le parti estime que «par ce simulacre de dialogue annoncĂ©, les tenants du pouvoir essayent encore une fois de gagner du temps pour dĂ©tourner la population de ses principales revendications, dont le dĂ©part du système et de tous ses symboles».Â
Le FFS réaffirme l’exigence de la libération inconditionnelle de tous les détenus politiques et d’opinion et réitère que «seul un climat de confiance effectif ouvrirait la voie à un dialogue global, sérieux et transparent qui prend en compte les revendications du mouvement révolutionnaire populaire».
Il ajoutera que les mesures d’apaisement mises en avant par le panel pour accepter de mener le dialogue sont, par ailleurs, «largement insuffisantes et ne peuvent, en aucun cas, cacher les manœuvres autoritaristes du régime à travers lesquelles il vise à duper l’opinion publique nationale et internationale».
INES DALI