Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, jette un pavé dans la mare : les surfacturations ont représenté 30% de la facture globale des importations par an, a-t-il affirmé, hier, dimanche, sur l’antenne de la Radio nationale, Chaîne 3. Dit autrement, et rien que pour l’année 2014, où la facture des importations était de 60 milliards de dollars, ce ne sont pas moins de 18 milliards de dollars qui ont été transférés illicitement à l’étranger via ce procédé.
Ce chiffre pris comme moyenne annuelle, statistique livrée d’ailleurs par le ministre lui-même, sur les dix dernières années, le montant des transferts par le biais des surfacturations avoisinerait donc les 180 milliards de dollars, plus que la dotation du plan de la consolidation de la croissance économique (2005-2009) qui était de l’ordre de 150 milliards de dollars. Stupéfiant ! Où était donc le gouvernement, tout le temps que s’opéraient ces transferts illicites ? Belaïb a parlé de ces surfacturations de manière détachée, l’air d’établir le constat d’une situation dans laquelle la responsabilité du gouvernement n’est aucunement engagée. Or, le procédé ayant permis la fraude sur de tels montants n’aurait pas pu fonctionner aussi longtemps et dans une telle ampleur s’il n’avait pas bénéficié, sinon de complicités, du moins d’un grand laxisme des institutions, administrations et agents censés veiller à ce qu’une telle pratique n’ait pas lieu.
Ou alors les mécanismes de lutte mis en place n’ont pas été adéquats, inefficients, en tout cas. De cela le gouvernement est comptable. Incontestablement. Par conséquent, sa responsabilité dans l’énorme préjudice occasionné à l’économie nationale est aussi engagée. Mais à la façon dont le ministre du Commerce s’est exprimé sur ce dossier brûlant, faut-il le dire, il est fort à douter qu’il soit disposé à rendre des comptes. Il y a des raisons d’être sceptique. D’abord, parce que le gouvernement n’a pas pour habitude d’assumer ses échecs, ensuite, en raison de sa politique tournée vers la promotion du projet de licences d’importation.