Donné pour finissant par d’aucuns à cause de l’âge avancé de ses hommes, le système algérien pourrait créer la surprise en se perpétuant par imitation des agriculteurs.
Rompu à la gouvernance par le suspense et la roublardise, Abdelaziz Bouteflika a dû sûrement penser à faire comme les fellahs qui veulent changer un vieux verger par un autre plus jeune, sans passer par l’arrachage. Pour éviter les coûteuses opérations d’arrachage et de plantation, les agriculteurs recourent des fois à la bonne vieille technique appelée communément la taille de régénération.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette technique consiste à couper le vieil arbre au niveau du tronc et attendre. Quelques mois plus tard, de jeunes pousses apparaissent à la base du tronc et commencent à se développer jusqu’à former un nouvel arbre, jeune et vigoureux.
Après quoi, nul besoin de sortir d’une école d’agriculture pour deviner le résultat. La jeune plante s’adaptera à merveille à l’environnement et sa production ne différera en rien de la précédente, en raison bien sûr du tronc et des racines qui, ne l’oublions pas, sont ceux de la vieille plante disparue.
Pour imiter les fellahs avec succès, Abdelaziz Bouteflika pourrait donc opter pour un successeur relativement jeune, qui a déjà roulé sa bosse dans le gouvernement ou à la présidence de la République. Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal en sont les mieux indiqués. Mais le chef de l’Etat pourrait tenter le tout pour le tout et opter pour son frère cadet, Saïd.
Avec ces successeurs potentiels, nos vieux gouvernants gagneront un temps fou tout en étant sûrs de maintenir encore le statu quo pour dix, quinze ou vingt autres années. Et le successeur, qui aura appris la leçon sur les bouts des doigts, fera de même au cas où…
Au risque de froisser certains, le système algérien a encore de beaux jours devant lui. Sauf si le temps se gâte et qu’un décideur décide que la vieille plantation sera arrachée et remplacée par une autre issue de la meilleure pépinière du pays.
Ahcène Bettahar