Fort Hood (Etats-Unis) – L’ex-psychiatre de l’armée américaine Nidal Hasan a été condamné à mort, mercredi, pour l’assassinat de treize personnes en 2009 sur la base militaire de Fort Hood, au Texas (sud des Etats-Unis).
Les treize membres du jury militaire, réunis en cour martiale sur cette même base de l’armée, ont décidé à l’unanimité d’infliger le châtiment suprême à Nidal Hasan, 42 ans, après quatre heures de délibérations.
La présidente du jury, une colonel de l’armée, dont le nom n’a pas été divulgué, a solennellement lu le long verdict: «Major Nidal Malik Hasan, il est de mon devoir de vous informer (…) que la cour martiale, réunie à huis-clos et à bulletins secrets de tous ses membres, vous condamne à l’unanimité à être privé de tous salaires et indemnités, à être renvoyé de l’armée et à être mis à mort».
Nidal Hasan n’a pas montré le moindre signe d’émotion à la lecture de la sentence, avant que le juge déclare la clôture du procès, qui aura duré trois semaines. Des proches des victimes ont alors pu laisser couler leurs larmes ou s’enlacer, après avoir été sommés de contenir leurs réactions pendant les débats.
Cet ancien psychiatre de Fort Hood, considéré comme un «loup solitaire» inspiré par Al-Qaïda, n’avait pas semblé plus ému lorsqu’il a été reconnu coupable, la semaine dernière, des 45 chefs d’accusation pesant contre lui.
Selon son ancienne équipe de défense, qu’il avait récusée, Nidal Hasan cherchait volontairement à écoper de la peine capitale pour mourir en martyr.
Tout au long du procès, débuté le 6 août, l’accusé, qui assurait lui-même sa défense, a refusé d’appeler des témoins, n’a contesté aucun des 89 témoins cités par l’accusation, n’a fourni aucun élément permettant de plaider des circonstances atténuantes et s’est contenté d’une seule déclaration au jury: «je suis le tireur».
Les exécutions de soldats sont rares
Après l’énoncé de la sentence, le condamné a été rapidement extrait de la salle du tribunal pour être transporté dans la prison locale de droit commun, où il était écroué depuis plus de trois ans. Il sera ensuite transporté au Kansas (centre du pays), sur la base militaire de Fort Leavenworth, où se trouve le couloir de la mort de l’armée.
Si Nidal Hasan est exécuté, ce sera la première exécution d’un militaire depuis 52 ans. Les exécutions de soldats aux Etats-Unis sont rares car elles requièrent l’approbation du président américain. La dernière des 160 exécutions, conduites depuis 1942 dans le cadre de l’armée, remonte au 13 avril 1961 par pendaison pour viol et tentative d’assassinat, selon le Centre d’information sur la peine capitale (DPIC).
Il s’agit aussi du premier militaire à écoper de ce châtiment depuis 2005, quand l’ancien sergent Hasan Akbar avait été condamné à mort pour avoir tué deux soldats sur un camp américain au Koweit en 2003.
Comme tout condamné en cour martiale, Hasan bénéficiera d’une procédure d’appel automatique devant les instances supérieures militaires. Mais, compte tenu de son comportement lors de ce procès de première instance, il pourrait refuser cette possibilité.
Compté parmi les tueurs «solitaires» inspirés par Al-Qaïda mais agissant en dehors de toute organisation, Hasan a plusieurs fois reconnu avoir tué 12 militaires et 1 civil, et blessé des dizaines d’autres à Fort Hood le 5 novembre 2009 dans le but d’empêcher les soldats de participer à une guerre qu’il considère «illégale» en Afghanistan et en Irak.
L’accusé, qui devait alors être déployé en Afghanistan, pensait ainsi accomplir «son devoir de tuer (au nom du) djihad», a affirmé à l’audience le procureur Steven Henricks.
«Je défendais ma religion», avait écrit Hasan dans une lettre à l’AFP, arguant que les Etats-Unis faisaient fausse route en intervenant dans des pays musulmans.
Quand il a crié «Allah akbar» –Dieu est grand, en arabe– ce 5 novembre 2009, et a ouvert le feu, beaucoup de soldats ont d’abord cru qu’il s’agissait d’un exercice militaire.
Certaines de ses victimes ont été criblés de balles. La fusillade a pris fin quand la police l’a blessé à son tour. Nidal Hasan est paralysé des membres inférieurs depuis ce jour-là.