Lorsque Alger se met à l’heure d’été, les images de la capitale où canicule rime souvent avec ennui se mettent à défiler plus lentement qu’à l’ordinaire.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – L’époque est pourtant très attendue, et des centaines de familles n’ont droit à ce répit que depuis une semaine seulement, date de la proclamation des résultats du bac.
L’échéance focalisait toutes les attentions, préoccupait, occupait et figurait même parmi les préoccupations du voisin tunisien qui tentait alors de s’expliquer les raisons du retard des vacanciers algériens. L’étape est dépassée sans que rien de spécial ait vraiment changé. L’heure est au farniente, l’ennui que même les gros sujets ont du mal à casser. L’affaire de la cocaïne du port d’Oran a disparu des conversations, et seuls les intéressés paraissent accorder de l’attention aux suites d’un dossier qui a tenu en haleine la population.
A la Grande-Poste, des groupes de jeunes attablés sur des terrasses en fin de journée regrettent l’ambiance qu’avait créée la Coupe du monde en ce même lieu. Un écran géant mis en place par les autorités avait permis aux fans de football de suivre en groupes les matchs. L’initiative avait attiré une grande foule donnant un moment l’illusion de n’avoir rien à envier aux autres capitales du monde. Elle a aussi permis aux spectateurs de donner leur point de vue, de s’exprimer sur la finale face aux ambassadeurs français et croate invités pour la circonstance. Mais l’événement a nécessairement pris fin, la Grande-Poste est retombée dans l’ennui. Alger-Centre s’est vidée sous l’effet de la canicule, et rien ne semble fait pour la raviver.
A quelques kilomètres de là, Bab-el-Oued vit une tout autre situation. Quoique quelque peu réduite dans la journée, l’animation prend carrément l’allure de fêtes quotidiennes à la nuit tombée. Par petits groupes, la foule, au sens réel du terme, se déplace vers la place El-Kettani, transformée en vaste espace de jeux auxquels s’adonnent avec délice les enfants. Trampoline, voitures électriques, manèges, vendeurs de glace et barbe à papa, l’ambiance dure jusqu’à des heures tardives et attire les citoyens de toute part à travers la capitale. A ce moment de la journée, les pêcheurs, les adeptes des baignades nocturnes en arrivent même à oublier les difficultés de la journée, les embouteillages inexpliqués durant les vacances, les odeurs nauséabondes qui se dégagent des tas d’ordures en place depuis plusieurs jours. Ici comme ailleurs, le ramassage ne s’effectue plus de manière régulière. Même les quartiers habituellement dument nettoyés traversent une dangereuse période d’insalubrité.
Aux manèges d’El-Kettani, une dame d’un certain âge se plaint des immondices qui s’accumulent au célèbre marché de Bab-el-Oued. Elle évoque le risque d’infections, se plaint du manque de transport qui l’empêche d’aller voir plus loin, aux Sablettes. Le lieu culte des Algériens devient inaccessible dès la tombée de la nuit. La circulation est très lente aux abords. De très nombreuses familles s’y rendent pour y passer de longs moments emportant avec eux leur dîner.
La plage, les jeux, l’air marin frais, la sortie dure parfois jusqu’au petit matin. Vendredi, les plus téméraires ont eu le privilège d’assister à l’événement astrologique du siècle: l’éclipse de la lune a été couverte par le Craag en ces lieux. L’information pas suffisamment diffusée à se rendre dans d’autres endroits. Certains se sont dirigés vers le promontoire du palais de la Culture et d’autres, les plus nombreux, vers le sanctuaire du Martyr. L’endroit est très animé le soir. Il faut parfois près de vingt minutes pour trouver où se garer avant de rejoindre les larges espaces de Riadh-el-Feth où les enfants et les jeunes s’adonnent à cœur joie aux jeux de rollers, vélos et autres amusements… Là aussi, les familles quittent les lieux très tard.
L’été bat son plein, les Algérois en profitent particulièrement les nuit. La journée est une toute autre histoire.
A. C.