« Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. » C’est en somme le message délivré par le Premier ministre à l’occasion de la présentation mardi en fin de soirée du plan d’action du gouvernement.
«Le gouvernement œuvrera à instaurer une séparation entre l’argent et le pouvoir», a déclaré Abdelmadjid Tebboune non sans préciser qu’il s’agit de moraliser la vie publique. Une revendication sans cesse ressassée aussi bien par la majorité de la classe politique que par le citoyen lambda qui est le premier à pâtir du trafic d’influence, du clientélisme, de la corruption, de l’arbitraire de l’iniquité et du pouvoir de l’argent sale notamment.
Le désormais ex-ministre de l’Habitat a indiqué que l’Exécutif qu’il dirige fera l’effort particulier pour moraliser davantage la vie publique en se basant sur de nouvelles règles « pour encadrer les cas de trafic d’influence à des fins personnels, les cas d’incompatibilité au sein des instances élues et d’imbrication entre les domaines politique, économique et associatif ». Et M. Tebboune d’ajouter : « L’Algérie est un pays de libertés et le demeurera, chaque citoyen est libre de s’engager dans les affaires, la politique ou même les deux mais pas à la fois, a indiqué le Premier ministre. «Nous allons œuvrer à la séparation entre l’argent et le pouvoir».
Toutefois, il a exclu toute confrontation avec le patronat avec le patronat, les hommes d’affaires et l’argent, soulignant que l’argent ne doit pas s’immiscer dans les rouages de l’Etat. » Pourtant, Tebboune sait pertinemment que l’argent s’est déjà incruster dans les rouages des institutions en ce sens que pour ne citer que l’exemple de l’APN, la Chambre basse du Parlement compte plus d’une centaine d’homme d’affaires. Et que depuis 2014, le patronat s’est même permis de convoquer des ministres et enjoint des ordres à certains walis de la République.
Dès lors, d’aucuns sont en droit de s’interroger sur les moyens que compte mettre en place le Premier ministre pour éviter le trafic d’influence et l’achat des consciences. Car la batterie de textes qu’il projette de déposer sur le bureau de l’APN ne saurait à elle seule moraliser la vie publique et encore moins instaurer l’éthique politique. Il ne faut pas oublier que nationaux comme étrangers ont de tout temps reconnu que l’Algérie disposait des meilleures lois, parfois plus volontaristes que celles existantes dans les grandes démocraties, mais que le problème résidait dans leur non application et l’absence de suivi, y compris par ceux-là même qui légifèrent. A l’image de la loi portant déclaration du patrimoine, faisant obligation aux agents publics de l’Etat de présenter dans un formulaire type leurs biens mobiliers et immobiliers et ceux de leur famille à leur entrée en fonction et à la fin de leur exercice. Une déclaration qui doit être transmise à la Cour suprême à laquelle il est fait obligation de les publier au journal officiel. Or, force est de constater que rarissimes ont été les déclarations de patrimoine publié sur ce document officiel.
Il en va de même des enquêtes sur les signes extérieurs de richesses. Jusqu’à présent, aucune communication n’a été faire à ce sujet, ce qui dénote en fait de l’absence de volonté politique de mettre un terme à ces fléaux qui ont saigné les caisses de’Etat et pollué la scène politique. Il faut dire que si le gouvernement est de bonne foi, il devrait œuvrer réellement à la véritable indépendance de la justice, en extirpant la magistrature du pouvoir exécutif pour faire en sorte que le magistrat n’obéisse qu’à la loi et rien qu’à la loi et sa conscience et ne pas être l’otage de l’avancement dans la carrière. Cela en le prémunissant de la tentation de la corruption. Ce sont là les conditions pour que le commun des Algériens recouvre la confiance en ses institutions, seules garantes de la justice et de la non-discrimination, y compris en appliquant le principe constitutionnel de « tous égaux devant l’impôt».