De Lisbonne à Athènes, les Européens optent pour des plans d’austérité drastiques pour réduire leurs déficits publics. Les économistes restent toujours septiques quant aux solutions adoptées.
Craignant une contagion provoquée par la crise financière grecque, les pays de la zone euro ont pris leurs dispositions pour réduire leurs déficits budgétaires. Le Parlement espagnol a approuvé jeudi un plan d’austérité de 50 milliards d’euros proposé par le gouvernement de Zapatero.
Madrid se fixe comme objectif de revenir aux recommandations de Maastricht et ramener son déficit public à 3% du PIB (Produit intérieur brut) en 2013, contre 11,2% en 2009. Rome devrait lui emboîter le pas dans les jours à venir.
Le gouvernement italien prévoit un plan d’austérité de 24 milliards d’euros pour réduire son déficit public à 2,7% du PIB en 2012 contre 5,3% en 2009. Il sera remis prochainement au Parlement.
Toutefois, n’ayant pas engagé un plan massif de relance durant la crise, la dette de l’Italie a atteint 115,8% du PIB l’an dernier, restant ainsi l’une des plus élevées au monde.
Paris et Lisbonne ont également renforcé leurs objectifs de redressement budgétaire pour atteindre, respectivement, 3% et 4,6 % du PIB à horizon 2013. Même le Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de la zone euro, a décidé de revoir ses finances. David Cameron, le nouveau locataire du 10, Downing Street, a présenté lundi un programme de 7,2 milliards d’euro de coupes immédiates dans les dépenses des ministères.
Mais pour l’ensemble de ces pays, ce sont les portefeuilles des salariés qui seront dégarnis. Ces plans d’austérité adoptés toucheront principalement les salaires et les départs à la retraite des fonctionnaires, les recettes fiscales et les impôts.
Les dépenses publiques seront aussi revues à la baisse. Joignant ses efforts aux pays de la zone euro, la Commission européenne a proposé mercredi la création d’un réseau européen de «fonds de résolution des défaillances bancaires».
Pour la Commission, les contribuables ne devraient pas continuer «de supporter la lourde charge du sauvetage du secteur bancaire».
Cinq jours après, seul Paris a favorablement accueilli la proposition. Sur les places boursières, les craintes sur la situation financière des pays de la zone euro persistent toujours.
Les économistes redoutent que ces plans d’austérité ne mettent en péril une croissance déjà molle.
Pourtant, l’ouverture d’aujourd’hui s’annonce sous de bons auspices. Les bourses européennes ont terminé la semaine (séance de vendredi) sur des petites variations, après un rebond des deux séances précédentes.
A Paris, le CAC 40 a fini sur une petite baisse de 0,29%. Sur les autres places européennes, le bilan est également rassurant (-0,13 à Londres, +0,15 à Francfort, -0,29 à Lisbonne et -0,79 à Milan).
L’Euro-Stoxx 50 (regroupe 50 sociétés selon leur capitalisation boursière au sein de la zone euro) a perdu 0,20%. Par contre, l’euro a une nouvelle fois rechuté, terminant la semaine à 1,2302 dollar, suite à l’annonce de l’agence de notation Fitch d’abaisser la note de la dette de l’Espagne.
En effet, l’attention s’est portée vers Madrid où la banque centrale a procédé au sauvetage sur fonds publics d’une caisse d’épargne régionale, CajaSur, et où quatre autres établissements financiers ont fusionné en catastrophe. Néanmoins, l’Ibex 35 a terminé en hausse de 0,97%.
Ce rafraîchissement des bourses européennes est, en quelque sorte, une affirmation des prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui prévoit une hausse de croissance dans les pays développés.
Selon elle, une progression du PIB de 2,7% en 2010 et 2,8% en 2011 est envisageable. L’OCDE met, toutefois, en garde contre des risques «plus élevés» qu’auparavant, notamment de la crise de la dette.
Rym Boukhalfa