L’Algérie n’échappe pas à la complexité du dossier de l’heure, celui de la crise ukrainienne et de la rivalité entre la Russie et l’Europe. De par son emplacement géostratégique, l’Algérie apparait comme une alternative à l’occident qui tente par tous les moyens de contrer les manœuvres de Vladimir Poutine.
Plus de 120.000 hommes ont été déployés par la Russie aux les frontières ukrainiennes, mais au-delà des moyens militaires, la Russie n’a pas lésiné à sortir sa carte énergétique. Cette dernière lui a permis de gagner une timide réaction de l’Allemagne, hautement dépendante du Gaz russe.
Pour l’OTAN, les manœuvres de la Russie visent à faire revivre le Pacte de Varsovie mort et enterré avec la chute de l’URSS. Une chose que l’Occident veut éviter à tout prix. Mais cette fois, ce n’est pas seulement par les armes que la Russie compte mettre l’Europe à genoux, mais aussi par le gaz.
Plus du tiers de l’approvisionnement du gaz naturel en Europe est fourni par la Russie à travers un réseau de gazoducs traversant l’Ukraine. Poutine a considérablement minimiser les approvisionnements dès le début de la crise, mettant les pays européens devant le fait accompli. Voulant éviter la panique alimentée par Moscou, l’OTAN étudie de nouvelles alternatives au gaz russe, et se penche notamment sur la piste du gaz algérien.
Le Gaz Algérien au cœur de l’Europe ?
L’OTAN compte lancer une nouvelle liaison afin d’alimenter l’Europe en GAZ. Selon le journal espagnol La Vanguardia, le projet d’un gazoduc entre l’Espagne et l’Allemagne, qui passera par la France, est sur la table de l’OTAN. Ce gazoduc transportera le gaz algérien, précise la même source. Cette démarche, déjà rejetée par la France en 2019, est remise au goût du jour par l’OTAN à cause du contexte sécuritaire actuel.
Le projet consiste à alimenter l’Europe via un gazoduc, baptisé MidCat, partant d’Espagne et allant jusqu’à l’Allemagne pour atténuer la dépendance de l’Europe centrale au gaz russe. Il s’agit donc d’une nouvelle liaison transpyrénéenne pour acheminer vers le centre de l’Europe le GNL algérien qui est stocké et traité dans les huit usines de regazéification situées en Espagne et au Portugal.
La péninsule ibérique pourrait ainsi être transformée en plate-forme de distribution dont la tâche est de corriger la forte dépendance de l’Allemagne au gaz russe. Le projet qui traversera l’Europe affiche un coût de 400 millions d’euros, et pourrait même concerner l’Hydrogène vert qui peut être transporté par pipelines.
L’Allemagne regarde ce projet avec intérêt, car elle a besoin d’alternatives d’approvisionnement, mais aussi parce qu’elle s’est engagée dans la production de l’hydrogène vert en Afrique du Nord, notamment en Algérie.
Conflit en Ukraine : la guerre du gaz ?
En 2019, les autorisations de construction de la portion centrale du gazoduc Midi-Catalogne (MidCat), n’ont pas été délivrées. Trop coûteux et pas nécessaire, ont estimé, il y a trois ans, les régulateurs de l’énergie français et espagnol. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement d’un enjeu financier, mais aussi sécuritaire.
Le fait que l’OTAN se mêle de ce projet peut s’expliquer par le fait que les USA doivent montrer à la Chine qu’ils ne cèdent pas devant la Russie concernant la question Ukrainienne. La Chine pourrait interpréter cela comme une faiblesse, et envahir, elle aussi, l’ile de Taïwan, affaiblissant la présence américaine au pacifique.
Écartant la solution militaire, l’OTAN, compte combattre Poutine avec son arme majeure ; le gaz. L’Otan semble donc vouloir faire revivre le MIDCAT qui pourtant en 2019 ne répondait pas aux besoins du marché et ne présentait pas une maturité suffisante pour pouvoir faire l’objet d’une décision favorable.
Avant la crise ukrainienne, la France a toujours refusé d’être un pays de transit pour le gaz algérien dans le cadre du projet MidCat. La France a émis deux refus, un en 1984 et un autre en 2019. Il est à noter que 30% de la capacité de stockage de gaz liquéfié en Europe se trouve en Espagne. Il ne manque qu’un gazoduc pour faciliter l’alimentation du vieux continent grâce aux exportations croissantes de l’Algérie.