Après un mois exceptionnel dedéficit commercial, la Chine a renoué en avril avec un excédent qui reste bien modeste et reflète une hausse de la demande étrangère que la crise dans la zone euro pourrait néanmoins compromettre.
L’excédent commercial de la troisième économie mondiale a totalisé 1,68 milliard de dollars. Comparé à avril 2009, cela représente une baisse de 87%, a annoncé lundi l’agence Chine Nouvelle, citant les Douanes. Mais la balance commerciale est de nouveau positive alors qu’elle avait enregistré en mars son premier déficit mensuel en six ans, de 7,2 milliards de dollars.
Le gouvernement s’attendait à un déficit mais aussi à ce qu’il soit passager, même s’il estime aussi qu’un retour aux niveaux d’exportations pré-crise financière pourrait prendre jusqu’à trois ans. Le mois dernier, les exportations de la Chine ont progressé de 30,5% en glissement annuel, à 119,92 milliards. Ses importations ont bondi de 49,7% sur un an, atteignant 118,24 milliards de dollars.
En mars, le décalage avait cependant été encore plus grand, avec des importations en hausse de 66% et des exportations de seulement +24,3%. Dans ce premier déficit commercial mensuel chinois depuis 2004, le ministère du Commerce avait vu la preuve que le niveau du taux de change du yuan «n’était pas un facteur décisif» des échanges internationaux, repoussant ainsi une fois de plus les appels à laisser le yuan s’apprécier émanant des partenaires commerciaux de la Chine.
Ces derniers estiment que la sous-évaluation actuelle du yuan a contribué à faire de la Chine le premier exportateur mondial, avec des exportations artificiellement bon marché. Mais les exportations chinoises sont seulement reparties à la hausse en décembre dernier après treize mois de déclin, et l’excédent reste faible, totalisant depuis le début de l’année, 16,11 milliards de dollars, soit une baisse de 78,6% sur un an.
Aussi le ministère chinois du Commerce ne semble-t-il pas vouloir mettre en péril le secteur exportateur, qui récupère à peine de la crise internationale, avec un yuan plus fort.
«L’excédent nettement plus petit cette année a réduit les déséquilibres» du commerce international et donc les arguments des partisans de l’appréciation de la monnaie chinoise, soulignent dans une note les analystes de Citi.
«L’euro plus faible a aussi poussé le taux de change effectif du yuan», réduisant le besoin d’appréciation, affirme la banque américaine. Car reste aussi l’inconnue de la crise grecque et ses répercussions sur l’Union européenne – destination du cinquième environ des exportations chinoises.
Les incertitudes actuelles devraient renforcer ceux qui prônent la stabilité du taux de change. De 2005 à 2008, ce taux de change était calculé selon un panier de devises, dont la composition exacte n’a jamais été révélée, et le yuan s’est progressivement apprécié, de quelque 20%, contre le dollar.
Mais depuis l’été 2008 la devise chinoise est de facto réarrimée au billet vert.
Les chiffres du commerce chinois, notamment les exportations, «sont largement antérieurs à la crise de la dette souveraine dans la zone euro et la grande braderie de l’euro.
Il est donc trop tôt pour dire si la demande européenne sera plus faible pour les exportations chinoises dans les mois à venir», indique Brian Jackson de Royal Bank of Canada à Hong Kong. «En revanche, les données récentes venant des Etats-Unis sont plus encourageantes pour les exportateurs chinois», ajoute-t-il.
Par Joëlle Garrus de l’AFP