Soumettre à autorisation l’importation de certains produits agricoles, restreindre celle-ci pour d’autres et interdire carrément le reste.
Après son soutien actif à la mise en place, par le ministère du Commerce, des licences d’importation, l’Union générale des travailleurs algériens revient à la charge. En effet, dans un document remis au gouvernement et dont nous détenons une copie, l’Ugta plaide pour une réorganisation radicale du commerce extérieur du pays, notamment celui inhérent aux produits agricoles, à travers la délimitation, en matière d’importation, des «produits à autoriser sans restriction», ceux à «autoriser avec restriction quantitative» et ceux à «interdire carrément». Ces propositions de la Centrale syndicale reposent, nous explique-t-on, sur une étude comparée des marchés de l’importation et de l’exportation.
Selon le document, exemples et chiffres à l’appui, l’Algérie importe tous les produits agricoles, depuis les semences, en passant par les aliments du bétail, y compris les pailles et fourrages, jusqu’aux produits usinés et manufacturés. Cette situation de dépendance quasi totale, compte tenu des quantités minimes des produits agricoles exportés, notamment les poissons, les légumes frais et les fruits frais, est, selon l’Ugta, intenable et il est urgent d’en sortir. A cet effet, une liste de produits dont l’importation doit être interdite a été établie. Parmi ces produits les huiles d’olive, les produits de minoterie, les sucres non bruts, les préparations de viandes et de poissons, les fruits et légumes de saisons qui totalisent à eux seuls plus de 222 millions de dollars, les oranges et mandarines, les miels, les fruits en conserve, les fruits séchés, les fromages, les beurres, les eaux minérales, les sucreries, les préparations à base de céréales, les jus de fruits, les confitures, les champignons, les double et triple concentrés de tomate, les vinaigres, etc. Ces produits importés coûtent aux caisses de l’Etat plus de 3,2 milliards de dollars annuellement. S’agissant des produits dont l’Ugta préconise de limiter les importations, il s’agit des bovins d’engraissement et de boucherie, des viandes blanches et rouges sous toutes leurs formes,, les plantes vivantes et les produits de floriculture, les tabacs, ainsi que les fruits exotiques. Cette catégorie de produits, elle, cumule une facture de 743 millions de dollars.
La troisième catégorie qui, selon l’Ugta, peut continuer à être importée est constituée par les vaches laitières, les génisses pleines et vêles, les poussins, les laits et dérivés, les chevaux reproducteurs de race pure, les semences PDT, les légumes secs, les café, thé, maté et épices, les céréales, les levures et poudres à lever, les huiles brutes utilisées dans l’industrie alimentaire, les fruits secs, les graines et fruits oléagineux, etc. Selon le document de l’Ugta, la facture d’importation de ces produits s’élève à plus de 7 milliards de dollars.
La question qui peut se poser quant à ces choix est sans doute celle des critères ayant présidé à leur établissement. Pourquoi en effet, tel produit doit être interdit et pas tel autre? Selon la Centrale syndicale dirigée par Abdelmadjid Sidi Saïd, c’est la disponibilité de certains produits sur le marché local qui motive la proposition d’interdire leur importation.
En effet, tous les produits agricoles que l’Ugta recommande de ne plus importer sont disponibles en abondance sur le marché local. Pour ce qui est des produits appelés à être limités, ils sont disponibles mais des manques sont de temps en temps enregistrés, tandis que les autres existent en quantités minimes ou n’existent pas du tout. L’autre question est liée à la réaction que le gouvernement va réserver à cette requête.
Objectivement, dans la situation de crise, le gouvernement n’a d’autre choix que de répondre par l’affirmative d’autant plus que la limitation des importations est devenue un leitmotiv dans la bouche du Premier ministre et du ministre du Commerce. De plus, les limitations de l’importation des produits agricoles permettra, à moyen terme, de re-dynamyser l’agriculture et en faire un levier de croissance comme l’a souligné le ministre de l’Agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi.
Néanmoins, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui regrettait, lors de son intervention à la Conférence internationale sur le commerce extérieur qui s’est tenue au Palais des Nations il y a quelques mois, que l’Algérie importe 22 millions de dollars d’artichauts, ne compte pas limiter les propositions de son syndicat au seul secteur de l’agriculture. Selon certaines informations, beaucoup d’études, notamment sur le textile et les mines, sont en cours de réalisation. Il s’agit,
dit-on, d’arrêter d’importer tout ce qui est produit localement et d’exploiter toutes les potentialités du pays pour arrêter, à moyen terme, l’importation des produits que l’Algérie a les moyens de rendre disponibles.