À l’époque, la famille se réjouissait lorsqu’un de ses membres part à l’étranger pour finir ses études. De nos jours, chaque famille voit plusieurs de ses membres partir et l’Algérie voit tristement ses enfants la quitter en masse, ne pouvant assouvir leur appétit intellectuel.
Les étudiants algériens quittent de plus en plus leur pays dans l’espoir d’évoluer à l’étranger, notamment en France. Cette dernière demeure la première destination que les étudiants choisissent pour poursuivre leurs études. Une hausse importante de 44% entre 2013 et 2018 dans le nombre d’étudiants algériens inscrits en France a été enregistrée. Durant l’année de 2019, 31 196 étudiants ont choisi l’Hexagone et 31 000 se sont inscrits en 2021.
Bien que leur départ soit réjouissant pour eux, c’est une triste réalité pour le pays qui perd ses pépites, malgré la cherté de la vie estudiantine à l’étranger.
L’Algérie sera-t-elle vidée de son élite ?
Les pays étrangers, surtout la France étant la première destination des étudiants algériens, choisissent soigneusement les étudiants qu’ils acceptent dans leurs facultés : vérification de relevé de note, rétrospective sur le parcours scolaire et test de langue ; ils prennent les meilleurs éléments. Mais pour quelles raisons ces éléments sont-ils déjà si déterminés de partir?
Le sociologue et chercheur, Karim Khaled, a répondu à cette question devant nos confrères de Liberté Algérie par les témoignages des étudiants. Une réponse inspirée d’une question tristement oratoire qu’un étudiant algérien a posé « qui n’ignore pas que le pays n’offre plus aucune perspective ? Nous n’avons aucun avenir ici ».
Les étudiants algériens ont comme conviction aujourd’hui, que leur diplôme n’est pas un ticket gagnant pour le monde du travail dans leur pays natal. Mais pas que, ils passent aux minimums trois ans à l’université, contre leur gré, car ils sont persuadés que cette dernière n’offre plus un enseignement de qualité. Cerise sur le gâteau amer, l’état des infrastructures et la bureaucratie de l’administration ne fait que décourager les jeunes étudiants.
Ils partent en souhaitant être retenus
Les étudiants évoquent le chagrin de quitter leur pays, le mal qui vient avec le bien de partir et de se construire un bel avenir ailleurs. Ils souhaiteraient que leur pays les retienne pour les aider à s’épanouir et pour qu’ils œuvrent à son épanouissement. Une réciprocité inexistante actuellement, laissant place à un sentiment de négligence pourtant, la jeunesse et surtout les étudiants, sont le pilier et le futur du pays.
La nouveauté est selon le sociologue est l’investissement scolaire que planifient les parents qui s’impliquent dans le départ de leurs enfants à l’étranger. Il évoque le cas du troisième meilleur bachelier de 2021, Gaya Lahouazi. Ce dernier a été encouragé par ses parents et effectivement, il est installé en France, une réussite personnelle face à une perte nationale.
Ils partent pour une garantie d’épanouissement professionnelle, afin de ne pas finir « hitistes » avec un diplôme poussiéreux à la main peu importe leur spécialité après de longues années d’études.