Exportation : ce qui bloque

Exportation : ce qui bloque

Promouvoir les produits agricoles à l’exportation nécessite la mise en place de deux systèmes, l’un lié à l’organisation des acteurs, l’autre à la valorisation et à la certification des produits et une plateforme logistique qui facilitera l’exportation.

D’aucuns estiment que de nombreux produits issus des usines ou des champs algériens recèlent une qualité irréprochable qui n’a rien à envier à celle dont s’enorgueillissent des producteurs d’outre-mer. Le produit national peut aisément concurrencer ceux des autres pays à l’international pour peu que les conditions requises dans l’acte d’exporter soient réunies. Or, force est de constater que, pour le moment, l’environnement dans lequel évolue le produit local est loin d’être favorable à son internationalisation. Tous les paramètres indispensables à son exportation ne sont pas pris en compte par les responsables concernés. La crise financière et économique qui secoue actuellement le pays contraint le gouvernement à adjoindre, dans les opérations d’exportation, d’autres créneaux au secteur des hydrocarbures. Le déficit commercial a atteint 17,2 milliards de dollars durant les onze premiers mois de l’exercice 2016. Cela est engendré essentiellement par le recul enregistré par les exportations à 25,58 milliards de dollars durant les onze premiers mois 2016 contre 32,06 milliards sur la même période de 2015, soit une baisse de 6,48 milliards (-20,22%), indiquent les statistiques des douanes. Cette baisse des revenus pétroliers se veut un indice fort des difficultés qui attendent l’Algérie dans les années, voire les mois à venir. D’où la nécessité de se rabattre en urgence sur des produits autres que le pétrole et le gaz. De prime abord, il faut reconnaître que notre pays ne s’est toujours pas mesuré à la demande mondiale. Il faut savoir ainsi quels sont les métiers et les atouts de l’Algérie pour réussir à insérer notre pays dans cette demande internationale ? Le résultat actuel est négligeable : les exportations hors hydrocarbures ne représentent que 6% du montant global des exportations et elles ont diminué à 1,54 milliard de dollars contre 1,76 milliard de dollars soit une baisse de -12,7%. L’Algérie est riche en produits du terroir. Des fruits et des légumes sont produits, commercialisés et consommés sans aucune reconnaissance officielle à même de leur garantir une valorisation et une pérennisation qui les distingueront des produits importés. Pour cela, il y a lieu d’obliger les laboratoires nationaux au niveau sectoriel, intersectoriel et du privé à travailler en synergie autour du projet de certification des produits de qualité, des produits bio et ceux du terroir. Promouvoir les produits agricoles à l’exportation nécessite la mise en place de deux systèmes, l’un lié à l’organisation des acteurs, l’autre à la valorisation et la certification des produits et une plateforme logistique qui facilitera l’exportation. Sur le terrain, l’on constate le retard accusé pour mettre en place le label de qualité ou d’origine contrôlée ? C’est l’un des écueils qui diminue la compétitivité à l’international de nombreux produits tels que la datte Deglet Nour, l’olive de Sig, l’abricot de N’gaous, la figue de Beni Maouche ou encore le mouton d’Ouled Djellal. De ce lot, la datte Deglet Nour de Tolga (Biskra) et la figue de Beni Maouche (Béjaïa) sont officiellement labellisées. Les deux produits ont reçu déjà le label Indication Géographique (IG) par le comité national de labellisation. Le reste se fera de manière progressive. Ce label permettra aux consommateurs qui souhaitent consommer algérien d’identifier des produits fabriqués localement. Une quinzaine de groupes de produits de large consommation comme les aliments de base, notamment les huiles, les sucres, les pâtes, les couscous, l’électronique, l’électroménager, les produits d’hygiène, les cosmétiques, les boissons, les matériaux de construction, les produits laitiers peuvent bénéficier de cette labellisation. Le Forum des chefs d’entreprise a proposé le label Origine Algérie garantie (OAG) pour identifier les produits algériens et promouvoir la production nationale. Oignon sauvage, aubergine, agrumes, laurier, romarin, myrte, noix, tomate, champignon de forêt et huile d’olive sont les produits agricoles parmi tant d’autres pouvant avoir une place de choix sur les marchés extérieurs particulièrement en France. Certains responsables et des experts restent optimistes quant aux exportations des produits agricoles vers le marché européen où des petites quantités ont été placées. Mais il voudrait que ces quantités prennent du volume. Il y a actuellement une forte demande à l’extérieur qu’il faut capter. Il existe des opportunités de placement de produits agricoles que le pays a en excédent à l’exemple de la tomate ou de la pomme de terre. L’exportation vers l’Afrique constitue une alternative au marché européen déjà saturé. L’Algérie est encore au début de l’exportation de produits manufacturés. L’on peut citer l’électronique grand public, les matériaux de construction et de certains produits issus de la mécanique. Cependant, les multiples contraintes auxquelles ils se retrouvent confrontés à chaque opération d’exportation fragilisent davantage la stratégie adoptée par l’Exécutif contre le joug du tout-pétrole.