Comme pour répondre à la décision italienne et rassurer du même coup ses partenaires européens, le ministre de l’Energie, Noureddine Bouterfa a déclaré, à partir de Bruxelles, que l’Algérie est capable, aussi bien, de répondre aux besoins énergétiques domestiques que d’assurer aussi ses engagements contractuels sur le marché international. Une mise au point qui survient, une poignée de jours, après l’annonce officielle de l’Italie de ne pas renouveler son contrat d’importation de gaz à long terme (par gazoduc), avec l’Algérie. Rome ira jusqu’à remettre en doute la capacité des Algériens à honorer, à l’avenir, leurs engagements contractuels, en livraison de gaz, à cause de la forte consommation interne. A l’ouverture, hier, des travaux de la deuxième réunion annuelle de dialogue politique, de haut niveau, sur l’énergie entre Alger et Bruxelles, Bouterfa a plaidé la cause en affirmant que les efforts d’exploration seront intensifiés «pour augmenter nos réserves» et répondre aux besoins croissants du marché national mais, également, «de consolider notre position comme un acteur actif et fiable dans les marchés régionaux et internationaux». Rappelant que l’Europe reste «le marché le plus important pour le gaz algérien», il en est le troisième fournisseur, après la Russie et la Norvège, le ministre de l’Energie a assuré que «l’Algérie continue à investir pour satisfaire ses partenaires». Comme preuves de la bonne volonté des Algériens, il a fait savoir que le secteur énergétique, engageant un plan de développement des ressources hydrocarbures, a permis, pour la première fois, depuis près d’une décennie, d’accroître la production en 2016, avec une forte augmentation des exportations, notamment de gaz naturel, pour «conforter la sécurité d’approvisionnement de l’UE». En mars 2016, l’Agence américaine d’information en Energie (EIA) annonçait une hausse de la production gazière de l’Algérie, à partir de 2018, après des années de stagnation, grâce à l’entrée en production de plusieurs champs gaziers, au sud-ouest du pays. Dans son rapport d’analyse, l’EIA anticipe une augmentation de l’offre en gaz algérien d’un trillion de pieds cubes (Tcf) ou plus à partir de 2018. Selon elle, la production du gaz avait progressé à 6,6 Tcf, en 2014, en hausse de 4%, par rapport à 2013. La progression a été enregistrée après une série de baisses qui ont suivi le pic de 7,1 Tcf, atteint en 2008 et reflète, aussi, le retour à la production des trains du Complexe de Tiguentourine d’In Amenas. Quant aux exportations en gaz naturel et liquéfié, elles devraient passer de 54 milliards de m³, en 2016 à 56 milliards de m³, en 2017, avait annoncé un responsable de la commercialisation de Sonatrach. Pour le GNL, les exportations attendues pour 2017 devraient atteindre 17 milliards de m³ contre 39 milliards de m³, pour le gaz naturel. Abondant dans ce sens, le Commissaire européen chargé de l’Action pour le climat et de l’Energie, Miguel Arias Canete, a confirmé la place de l’Algérie dans le planning européen d’importation de gaz naturel, affirmant qu’elle est un fournisseur majeur et fiable de l’Europe et le demeurera à moyen et long termes.
A propos des réserves algériennes en hydrocarbures, un sujet hautement polémique, le ministre les qualifie d’ «importantes» estimant qu’elles restent pourtant «relativement sous explorées». Il précisera, à ce titre, que le pays est constitué de 1,5 million de km² de bassins sédimentaires dont les deux tiers n’ont encore été soumis à aucune des campagnes d’exploration, notamment dans le sud-ouest et le nord du pays et dans la zone off-shore d’une superficie de 100.000 km², aujourd’hui, totalement, inexplorée.
A ce sujet, rappelons que Sonatrach a signé, dernièrement, un contrat avec l’Italien Eni pour explorer les ressources pétrolières et gazières du pays ainsi que d’une participation à l’offshore, dans les régions de Bejaïa et Oran. Bouterfa ouvrira grandes les portes aux partenaires étrangers, les invitant à saisir les opportunités d’investissement, assurant que l’Algérie dispose «d’infrastructures de bonne qualité, des conditions d’exploitation avantageuses et des ressources humaines qualifiées». A ce propos, Canete a jugé que «le cadre réglementaire algérien d’investissement doit être amélioré afin que l’Algérie devienne une destination plus attrayante pour les investisseurs européens».