Les exportations de gaz à travers les gazoducs algériens reliant l’Europe ont chuté de 25%, très concurrencées par les livraisons russes à destination du Vieux Continent, dont le gaz est cédé à des prix concurrentiels et à des volumes abondants.
Ahmed El-Hachemi Mazighi, vice-président de la division marketing à Sonatrach, a indiqué, hier, que les clients européens de la compagnie publique des hydrocarbures ont « considérablement réduit leur demande en gaz conventionnel en provenance d’Algérie, entraînant une chute de 25% du niveau des ventes cette année ». L’Algérie est le troisième plus grand fournisseur de gaz à l’Europe. La baisse de ses exportations de gaz par gazoducs montre bien que les nouvelles livraisons de GNL des États-Unis, de l’Australie et de la Russie submergent le marché et font baisser les prix. Cela a réduit la compétitivité des contrats gaziers de long terme par gazoduc auxquels s’agrippe l’Algérie, indexés essentiellement sur les prix du pétrole. C’est une tendance en déclin. D’ailleurs, l’ensemble des clients avec lesquels Sonatrach a renouvelé ses contrats gaziers ont réduit la durée de ces conventions, alors que la question de la tarification demeure un secret bien gardé par les responsables de la compagnie publique d’hydrocarbures. Pour compenser ce déclin de ses exportations de gaz à destination de l’Europe, Sonatrach a transformé une plus grande partie de son gaz en GNL. Le gaz naturel liquéfié est ensuite acheminé à destination du marché spot (libre) pour livraison immédiate, dont le prix est supérieur d’un quart environ aux prévisions de cette année, a déclaré Ahmed El-Hachemi Mazighi. C’est la première fois que les ventes sur le marché libre représentent 30% des exportations de GNL de Sonatrach. Un record inégalé. «En 2019, la tendance s’est complètement inversée en raison d’un hiver qui se présente chaud en Europe», a déclaré le responsable de la division Marketing de Sonatrach, soulignant que l’année «2020 devrait également être une année difficile. Si l’hiver est chaud comme l’année dernière, nous devrons faire face à plusieurs difficultés ». En 2018, les exportations algériennes de gaz se sont élevées à 51,5 milliards de mètres cubes dont 75% par gazoduc et 25% sous forme de GNL. La première destination du gaz algérien reste le marché européen, essentiellement l’Italie (35%), l’Espagne (31%), la Turquie (8.4%) et la France (7.8%). Les ventes algériennes en GNL devraient atteindre
5 milliards de mètres cubes cette année, un «record historique» des 20 dernières années, représentant environ 60 expéditions, à en croire le responsable de Sonatrach. Plus de la moitié des volumes de GNL de la compagnie publique des hydrocarbures ont été vendus en Asie, sur le marché spot. Les prix du gaz acheminé à destination de l’Europe au moyen de gazoduc sont environ 2,5 dollars/Mt de plus que les prix pratiqués par les pays du nord-ouest de l’Europe. Les observateurs font constater que la baisse des exportations algériennes par gazoducs a créé une marge de manœuvre susceptible d’aider à équilibrer l’offre excédentaire qui caractérise le marché européen du GNL. Les exportations cumulées de gazoducs algériens vers l’Italie ont diminué d’environ 1,3 milliard de mètres cubes depuis le 1er octobre, par rapport à la même période de l’année dernière. Sonatrach a renouvelé sept des contrats gaziers de long terme avec ses clients européens. Le dernier en date a été signé mardi dernier avec le français Engie, alors que d’autres contrats ont été conclus avec Edison, ENEL, le Portugais Galp Energia, ENI, l’Espagnol Gas Natural Fenosa et la compagnie publique turque Botas.
Hakim Ould Mohamed