Exportations hors hydrocarbures “D’abord produire en qualité et en quantité”

Exportations hors hydrocarbures “D’abord produire en qualité et en quantité”

Le ministère du Commerce a lancé une réflexion pour élaborer une stratégie nationale d’exportation. C’est ce qu’a indiqué, avant-hier, le directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, Saïd Djellab, lors de la première édition des rencontres “Club export” organisé par le World Trade center Algérie (WTCA), sous le thème “L’Afrique, un territoire à fort potentiel”.  Le vice-président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Brahim Benabdeslam, ne semble pas partager la réflexion du ministère du Commerce. “Parler, aujourd’hui, de stratégie d’exportation est quelque chose de dépassé”, a-t-il soutenu. Pour lui, il faut une stratégie d’internationalisation. Mais, pour certains intervenants,  la première préoccupation est liée à la disponibilité d’une offre exportable.

Pour pouvoir exporter autre chose que des hydrocarbures, il faut disposer d’une offre exportable en quantité et en qualité. “Les exportations hors hydrocarbures sont de l’ordre de 2 milliards de dollars. La plupart des produits proviennent des dérivés du pétrole. Plus de la moitié du reliquat qui reste, et qui équivaut à environ 400 millions de dollars, est réalisé par une seule entreprise. En réalité, nous sommes en train de parler de volumes et de montants relativement faibles”, a fait remarquer, à juste titre, l’expert Farid Bourenani. Pour lui, “il faut commencer par fabriquer des produits de qualité et compétitifs”. Bousculant les idées reçues, l’expert a ajouté que l’Afrique n’a pas attendu l’Algérie pour se déployer. “Abidjan est plus moderne qu’Alger”, a-t-il constaté, suggérant de faire des économies d’échelle, en “produisant grand”. Aujourd’hui, les entrepreneurs algériens, notamment les privés, à des exceptions près, n’ont aucune dimension internationale, pas même à l’échelle du continent africain. “Si on veut booster les exportations, il faut d’abord produire”, a estimé, pour sa part, Issad Rebrab, président du Groupe Cevital, soulignant la possibilité de placer des produits compétitifs dans le monde entier. “Pour exporter, il faut d’abord fabriquer des produits de qualité, compétitifs et en quantité suffisante”, a-t-il insisté. Selon lui, il ne faut pas se limiter au marché africain pour exporter.

Son groupe exporte, certes, en Afrique. Mais ce n’est pas la destination la plus importante de ses produits. Cevital exporte du sucre vers 28 pays. Le groupe exporte aussi 80% de sa production de verre plat, dont 60% vers l’Europe et 20% vers la Tunisie et le Maroc. Cevital vend aussi des huiles végétales au Moyen-Orient. Évoquant l’expérience de son groupe, le patron de Cevital estime que l’Algérie “peut aller très vite” dans le cadre de la co-localisation. Développer les brevets, les marques et les réseaux de distribution au niveau mondial prend des années. La reprise des activités à l’international permet de gagner du temps tout en bénéficiant du savoir-faire de certains pays développés. En reprenant Oxxo, leader français de la fenêtre en double vitrage d’une capacité de 210 000 fenêtres par an, Cevital a aussi bénéficié des 9 agences de distribution. Le groupe a réalisé une unité à Bordj Bou-Arréridj, entièrement robotisée, d’une capacité de 2,1 millions de fenêtres double vitrage. L’unité est entrée en production en février dernier. Cevital compte faire passer l’Algérie du stade d’importateur à celui d’exportateur.

Avec l’acquisition de Brandt, dans l’électroménager, Cevital a bénéficié de 1 300 brevets, quatre marques prestigieuses de renom mondial : Brandt, Sauter, Vedette et De Dietrich, et surtout d’un réseau de distribution au niveau mondial. Le groupe est en train de construire un mégaprojet sur 110 hectares, dont 50 couverts, pour produire 8 à 10 millions d’articles électroménagers par an. La machine à laver sortie de la première ligne de production de l’usine Brandt de Sétif vient de décrocher le prix Janus d’innovation et de design de l’industrie française : une première. “100% de la production sont destinés à l’exportation”, a souligné M. Rebrab. “Nous avons arrêté comme objectif, au niveau de Cevital, de dégager, d’ici à trois ans, plus de 3 milliards de dollars d’exportation par an”, a-t-il ajouté. Les exportateurs ont évoqué le problème de logistique, les ports algériens étant aujourd’hui saturés.