Le président du groupe Cevital a réussi à faire passer l’Algérie du stade d’importateur à celui d’exportateur de divers produits relevant de créneaux liés notamment à l’agroalimentaire, à l’électroménager, au verre plat…
Le gouvernement compte faire émerger dans de meilleurs délais et au moindre coût les exportations hors hydrocarbures (EHH) massives, diversifiées, compétitives et à haute valeur ajoutée. Le projet est en lui-même intéressant à plus d’un titre en cette période de crise. Sa concrétisation sur le terrain, en revanche, n’est pas une mince affaire.
Le constat est établi par tous : depuis plusieurs décennies, les EHH n’arrivent plus à prendre leur envol en Algérie. Pourtant ce n’est pas le potentiel, jugé énorme et varié, qui manque, et ce, dans divers secteurs d’activité. Les EHH ont besoin en fait d’une véritable stratégie fondée sur, entre autres principes, la levée des obstacles qui freinent leur émergence.
Il est inadmissible pour un État ayant l’ambition de diversifier et d’organiser son commerce extérieur de bloquer les initiatives et les projets des opérateurs économiques qui ont d’ores et déjà orienté leur business-plan vers les marchés internationaux. Des producteurs de renom ont prouvé à maintes reprises leur capacité de placer aisément leurs produits sur des marchés européens, outre ceux africains. Mieux, l’un de ces industriels, en l’occurrence M. Issad Rebrab, président du groupe Cevital, a réussi à faire passer l’Algérie du stade d’importateur à celui d’exportateur de divers produits relevant de créneaux liés notamment à l’agroalimentaire, à l’électroménager, au verre plat, à la technologie… Cependant, au lieu d’encourager ce capitaine d’industrie de renommée mondiale, en lui accordant les facilités et l’accompagnement nécessaires afin qu’il contribue à la réalisation de cet objectif tracé par l’État lui-même, ce dernier continue à dresser des embûches devant sa croissance et à bloquer ses projets. Le patron du groupe Cevital évoque d’innombrables écueils dressés par différentes institutions. La Banque d’Algérie constitue, déplore-t-il, l’un des freins à toutes ces initiatives. “La Banque d’Algérie s’est engagée, conformément à la loi, à accorder 20% de rétrocession de devises, libre utilisation, à la discrétion de l’opérateur mais, dans les faits, cela ne se fait pas”, déplore M. Rebrab. “Pire encore, la Banque d’Algérie a tenté de nous attaquer en justice parce que des clients d’outre-mer nous ont payés à l’avance.
Faux prétextes. L’argument avancé a trait au fait que notre groupe ait exporté avant la domiciliation bancaire. Or, c’est faux, nous n’avons jamais exporté avant la domiciliation”, souligne-t-il. “Nous avons réalisé 16 opérations d’exportations pour lesquelles nos clients nous ont payés à l’avance”, affirme Issad Rebrab, qui explique cela par la confiance que suscite le groupe auprès de ses partenaires étrangers.
En réalité, l’argent envoyé par les clients, argue-t-il, n’est rentré dans le compte du groupe qu’une fois la domiciliation de l’opération effectuée. Le président du groupe Cevital a également soulevé les désagréments causés au groupe par la Banque centrale qui n’a pas admis que les clients de Cevital aient payé leurs marchandises avec un peu de retard lors de la concrétisation de six opérations étalées sur cinq années. Le motif évoqué confine en une “infraction à la législation des changes”. Un paiement en retard sur des milliers d’opérations accomplies peut être toléré dans le commerce international, l’essentiel est que la devise rentre dans les caisses de l’État. Mais la Banque d’Algérie semble ne pas être de cet avis. “Si à chaque fois qu’un opérateur exporte, on lui sort des infractions qu’il n’a pas commises, comment allons-nous développer les exportations dans notre pays ?”, s’interroge M. Rebrab non sans un brin d’amertume. Interrogé sur la stratégie que compte mettre en œuvre l’exécutif pour la relance des EHH, le patron de Cevital estime que les initiateurs de ce projet, tout en saluant leur initiative, sont en train de résoudre des problèmes techniques alors que ces derniers sont facilement réglables. La véritable problématique, c’est, selon lui, de répondre à la question de savoir ce que l’on veut faire de notre pays ? “C’est un problème des décideurs et non pas celui des opérateurs”, conclut le président du groupe Cevital.
B. K.