Exportations hors hydrocarbures Le président de l’ANEXA déplore l’inertie des pouvoirs publics

Exportations hors hydrocarbures Le président de l’ANEXA déplore l’inertie des pouvoirs publics

«On a perdu 115 exportateurs en 2015. On n’a pas voulu le signaler car c’est un signe négatif», a affirmé le président de l’ANEXA sur les ondes de la Radio nationale. «Sur le nombre de 500 exportateurs, il y a eu des déperditions et il y a environ 50 exportateurs réels qui réalisent 97% du chiffre», a-t-il déploré.

La nécessité d’une vision stratégique destinée à promouvoir les exportations hors hydrocarbures a été souvent mise en exergue par les pouvoirs publics et par les experts, et ce, depuis des années.

La chute vertigineuse des prix du pétrole a montré la vulnérabilité de l’économie algérienne, basée sur les hydrocarbures, comme seule ressource.

Malgré la mise en œuvre d’un processus de réformes économiques substantielles visant à développer une dynamique d’exportation, telle la création récente d’une cellule chargée de l’accompagner, les professionnels du secteur déplorent un manque réel de volonté des pouvoirs publics. Pour le président de l’Association nationale des exportateurs algériens, Ali Bey Nasri, la création de cette cellule indique, à l’évidence, qu’on est désormais, dans «l’opérationnalité» de l’acte d’exporter.

Si l’objectif, maintes fois réitéré, d’investir les marchés étrangers n’a pu, jusqu’ici, être concrétisé, c’est en raison, rappelle celui-ci, de facteurs «bloquants», dont l’inertie des pouvoirs publics et le désintérêt des entreprises, davantage tournées vers la satisfaction du marché national qui régnaient en maître.

Le changement opéré par rapport à cette manière d’appréhender les choses n’a pu finalement être rendu possible, dit-il, que parce que le pays s’est brutalement trouvé confronté à une crise durable, générée par la chute des prix des produits pétroliers. M. Nasri a assuré que l’Algérie possédait de fortes opportunités de placer des produits hors hydrocarbures à l’étranger, à la condition, a-t-il considéré, que la réglementation des changes au niveau de Conseil de la monnaie et du crédit adopte des standards internationaux.

«L’Algérie doit avoir une vision stratégique pour organiser le marché de l’exportation, en mobilisant tous les acteurs de ce secteur pour utiliser toutes nos capacités afin de voir à la hausse les taux d’exportation en 2016», a-t-il dit. Parmi les entraves qui ont empêché les produits algériens de se placer à l’étranger, le président de l’ANEXA acité «l’empêchement» d’y installer des bureaux de liaison et des agences bancaires, mais également le sentiment de «méfiance» à l’encontre d’exportateurs perçus comme de potentiels «suspects».

S’exprimant sur les possibilités immédiates s’offrant à l’Algérie pour exporter, il a cité en exemple le boycott imposé par la Fédération de Russie aux produits agricoles de l’Union européenne et de la Turquie, «une opportunité, a-t-il relevé, d’y placer des produits que nous avions en excèdent tels la tomate et la pomme de terre».

L’invité a regretté, par ailleurs, que les «gains politiques» récoltés par l’Algérie, dans les pays Africains, en particulier, n’aient pas été fructifiés au plan économique. Considérant que le pays avait, jusqu’ici manqué de vision, M. Nasri appelle à dresser un diagnostic des erreurs passées et à construire une compétitivité, estimant qu’il appartient désormais à l’Etat à jouer son rôle d’accompagnement et de facilitationpour réaliser l’objectif d’exporter.