Nadir Kadi
Le Palais des Raïs (Bastion 23) accueille jusqu’au 12 mai prochain, l’exposition «Entre deux temps». Le rendez-vous pictural, inauguré samedi dernier, met en avant une cinquantaine d’œuvres des deux artistes Saïda Bouskin et Alya Alaâdi, alliant l’artisanat et l’art à travers des toiles, des céramiques ou des objets d’artisanats.
L’artiste peintre Saïda Bouskin, diplômé de l’Ecole des beaux-arts d’Alger présente notamment une série de toiles, illustrant des paysages naturels et d’autres dévoilant une vision artistique de la société – et de l’un de ses travers –. Alya Alaâdi est, quant à elle, une artiste d’origine syro-algérienne ayant commencé par la fabrication d’objets d’artisanat avant de s’orienter vers l’art, notamment à travers la peinture.
«Entre deux temps», occupant ainsi les deux niveaux du « Palais 17 » du site historique, invite le visiteur tout d’abord à découvrir les premières toiles présentées par Saïda Bouskin qui mettent en avant des paysages naturels, des vues de plaines ou de champs au printemps. L’artiste nous explique à ce titre que la peinture était avant tout une passion et que « ces fleurs, ces coquelicots signifient pour moi le repos, la consolation, la tranquillité ».
Saïda Bouskin, par ailleurs professeur, initiant des collégiens au dessin, partage également avec le public une série de toiles directement inspirées de ses expériences de travail, analysant le lien de plus en plus malsain entre les jeunes générations et le téléphone portable. Une «dépendance» que l’artiste symbolise avec des cordes et des chaînes, en précisant que les jeunes sont devenus «esclaves» de leur Smartphone. Elle souligne à ce sujet que «nous constatons que les élèves s’intéressent de moins en moins à leurs cours, ou aux explications de leurs enseignants. Souvent et même durant les cours, nous avons des élèves qui utilisent leur téléphone et sont distraits, perdus dans un monde totalement virtuel».
L’artiste qui expose pour la premières fois au Bastion 23, après plusieurs rendez-vous en Algérie et à l’étranger, notamment en Egypte, nous confie également qu’elle a souhaité, en particulier, mettre en avant «l’impact de la mauvaise utilisation des technologies et du téléphone portable » en affirmant que c’est «une problématique quotidienne pour elle et ses collègues des CEM ».
Quant à l’exposition de l’artiste Alya Alaâdi, principalement axée sur des objets d’artisanat, notamment des écrins, des miroirs, mais aussi des céramiques, ces œuvres sont le résultat, explique-t-elle, de sa double culture algérienne et syrienne. «J’ai des racines à la fois en Syrie et en Algérie, ce sont ces deux appartenances qui me servent d’inspiration», souligne-t-elle, samedi dernier, en marge du vernissage de l’exposition. Elle ajoute que «les deux pays partagent la même civilisation. Les deux peuples ont des histoires proches et ont, en commun, les mêmes valeurs que l’on retrouve aussi bien dans nos arts que dans les couleurs que nous privilégions. Par exemple, la culture berbère ressemble par plusieurs aspects aux arabesques syriennes».
Artiste présentant ainsi des aspects de sa culture algérienne mais aussi de ses racines de l’est de la Syrie, de la ville martyre de Deir Ezzour, qu’elle a quittée au plus fort de la guerre, Alya Alaâdi explore actuellement un nouvel aspect de sa passion en mettant à profit son expérience d’artisane pour réaliser des œuvres d’art. «Au départ, cela a commencé comme un artisanat en travaillant sur la céramique, le verre, mais j’ai voulu aller plus loin en utilisant ce savoir dans le domaine de l’art. Et depuis peu, j’ai commencé à réaliser des toiles », conclut-elle.