Le commissaire de l’exposition «La Bd algérienne au MaMa», également directeur des éditions Z-Link et éditeur de la revue Laabstore, Salim Brahimi,
revient dans cet entretien sur l’exposition qui se tient au Musée d’art moderne et contemporain – MaMa (25, rue Larbi-Ben M’hidi, Alger) jusqu’au 30 mars 2017, et qui met le DZ-Manga à l’honneur. En marge de cette exposition, organisée par le MaMa en collaboration avec les éditions Z-Link, des ateliers et des rencontres ainsi que des ventes dédicaces auront lieu à partir de la mi-janvier.
Reporters : Une exposition se tient actuellement au MaMa pour célébrer les dix ans du DZ-Manga. Comment cette exposition a été mise en place ?
Salim Brahimi : A vrai dire cette exposition a été montée pour célébrer les 10 ans des éditions Z-Link, premier éditeur algérien spécialisé dans l’édition de BD. D’ailleurs son intitulé l’indique : La BD algérienne au MaMa. Qui dit BD dit expression libre et émancipation des différentes écoles de BD dans le monde. Le DZ-Manga y est à l’honneur car la plus grande partie de nos BD éditées sont au format manga, nous ne sommes en rien responsables, ce sont les auteurs de BD qui pour la majorité préfèrent ce format. La sélection des planches a été faite sur la base de deux critères : que l’auteur soit édité chez Z-Link où nous disposons des droits pour exposer son travail et que l’auteur ait sorti au moins une BD indépendante, voire plus. Justement, les auteurs exposés ont au moins un album édité, voire 6 pour certains. Donc ils sont passés au stade de professionnels pour certains. Pour le temps, nous pensions monter cette exposition il y a deux ans. Nous avons proposé le projet à M. Djehiche, qui était à la tête du MaMa, il nous a toujours encouragés à la faire. Les contraintes professionnelles de chacun ont fait qu’elle soit préparée à partir de la fin octobre 2016. M. Djehiche nous a mis en contact avec Mme Meriem Bouabdellah qui a assuré l’intérim de la direction du MaMa. Et l’exposition a vu le jour pile-poil à la date des 10 ans de Z-Link…
En marge de l’exposition, une série d’activités (ateliers, rencontres…) sera organisée. Pourriez-vous nous en parler ?
Absolument. Plusieurs rencontres agrémenteront cette exposition : ateliers d’initiation à la BD avec les petits, rencontres avec les auteurs algériens, ventes dédicaces. Elles s’étaleront tout au long de l’exposition jusqu’au 30 mars 2017. L’une des thématiques qui sera débattue « La BD algérienne d’expression amazighe » ou encore « les Youtubeurs algériens et la BD ». Pour les partenaires, nous avons émis des demandes à l’Institut français ainsi que l’Institut Goethe et nous sommes en attente de confirmation.
Le DZ-Manga fête ses dix ans. Vous, qui avez lancé une revue, une maison d’édition et l’appellation, comment voyez-vous l’évolution de ce genre ?
En fait, quand nous avons lancé la revue Laabstore, plusieurs auteurs ont émergé et choisi pour la majorité le format manga mais ils l’ont adapté à la culture algérienne. Ce qui lui donne cette valeur ajoutée qu’on ne trouve pas dans le manga japonais ou la BD européenne. Au début, certaines oreilles étaient hostiles à cette démarche mais avec le temps, les auteurs se sont imposés et ils ont leur lectorat. La prochaine étape est sur le plan scénaristique, car si plusieurs auteurs ont fait un bond qualitatif sur le plan graphique, ils ont beaucoup de lacunes pour maîtriser leur écriture et raconter une histoire de manière à entraîner le lecteur. Rares en sont capables chez nous. Nous en sommes conscients mais chaque auteur évolue et s’améliore dans le bon sens.
L’engouement du public est indéniable et on le voit notamment lors des différents événements (ateliers, participations à des salons, cosplay…), mais qu’en est-il de l’engouement des dessinateurs ou mangaka ? Est-ce qu’ils existent en nombre ?
Exister en nombre non, mais chaque mois, de nouvelles plumes se manifestent des quatre coins du pays. Néanmoins, nous sommes loin des pays où la BD est produite en masse pour plusieurs raisons inhérentes à la BD, en particulier, et au livre, en général.
D’après vous, le DZ-Manga ou le Cosplay ne méritent-t-ils pas des événements à part entière ? Est-ce que vous l’envisagez ?
Nous ne voulons pas dissocier le DZ-Manga de la BD car c’est une forme de BD tout comme l’album européen franco-belge ou le comics américain. Il y a plusieurs évènements qui fleurissent ça et là. A Alger, Blida, Béjaïa, Oran et récemment Constantine… Non seulement, nous y sommes favorables mais en plus nous pensons que plus il y en a mieux ce sera. Pour les évènements, notre vocation première est l’édition de BD, nous participons à toutes les rencontres quand on nous invite et le dernier évènement qu’on organise c’est cette exposition au MaMa. D’autres suivront, nous l’espérons…