Cette loi autorise l’Etat israélien à s’approprier, contre compensation, des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation en Cisjordanie.
De New York à Paris, les réactions internationales se multiplient à la suite de l’adoption lundi par la Knesset [le Parlement israélien] d’une nouvelle loi permettant à Israël de s’approprier de nouvelles terres palestiniennes en Cisjordanie. Cette loi en faveur des colons « est en infraction avec la loi internationale et aura d’importantes conséquences juridiques pour Israël », a prévenu mardi 7 février le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un communiqué.
Peu après, l’Union européenne (UE) a « exhorté » Israël à « ne pas mettre en œuvre » ladite loi, estimant qu’elle « franchit un nouveau seuil dangereux ». « En adoptant cette nouvelle loi, le Parlement israélien a légiféré sur le statut légal de terres à l’intérieur des territoires occupés, ce qui reste au-delà de sa juridiction », a déclaré Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie de l’UE.
Réunis à Paris, les présidents français et palestinien, François Hollande et Mahmoud Abbas, ont eux aussi vivement rejeté cette loi. « Dans un défi flagrant aux souhaits de la communauté internationale (…) le gouvernement israélien a présenté un projet de loi hier à la Knesset qui autorise le vol des terres palestiniennes privées au profit des colons et qui légalise de manière rétroactive les colonies sur l’ensemble des terres palestiniennes occupées depuis 1967 [après la guerre des Six-Jours], y compris Jérusalem-Est », a dénoncé M. Abbas, assurant que « cette loi est contraire au droit international ». Et d’ajouter : « C’est une agression contre notre peuple à laquelle nous nous opposerons dans les institutions internationales. »
« Légaliser les colonies sauvages »
« Je veux croire qu’Israël et son gouvernement peuvent revenir sur ce texte et peuvent reculer », a déclaré pour sa part François Hollande, qui s’est alarmé de cette « accélération des colonisations » désormais « couverte par un cadre légal, puisque le Parlement israélien, hier, a adopté un texte qui, s’il est confirmé par la Cour constitutionnelle, aurait pour conséquence de légaliser les colonies sauvages ». La loi conduirait, a-t-il souligné, « à une annexion de fait des territoires occupés ».
D’autres pays, comme le Royaume-Uni, l’Egypte – où se trouve le siège de la Ligue arabe –, l’Allemagne, la Turquie et la Jordanie, ont exprimé leur indignation, la communauté internationale s’inquiétant d’un nouveau coup porté à une impossible paix entre Israéliens et Palestiniens. Seule la réaction de l’administration du nouveau président états-unien, Donald Trump, a offert un frappant contraste avec ces critiques. « L’administration Trump se gardera de commenter [la loi] avant toute décision de justice », a dit un responsable du département d’Etat. La nouvelle loi devrait en effet être attaquée devant la Cour suprême israélienne.
Adopté dans la nuit de lundi à mardi par la Knesset, le texte autorise l’Etat israélien à s’approprier, contre compensation, des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation en Cisjordanie. La loi doit protéger aussi les colons d’évictions, comme celle, la semaine passée, de la colonie « sauvage » d’Amona, selon ses promoteurs.