Le paisible quartier du Panorama, sur les hauteurs d’Hussein-Dey, a vécu une journée mouvementée, hier. Mais une journée d’enfer pour la famille Bouhadjar occupant une villa, ayant fait l’objet d’une vente, au lieu-dit «Gribissi» dans la rue Hassan El Basri, à proximité de la Maison de la Presse. Et pour cause:
Il s’agissait pour elle d’une expulsion manu militari initiée par de grands renforts de police antiémeutes. C’est que la résistance s’annonçait farouche et tous les riverains affichaient leur solidarité avec la famille Bouhadjar dont la colère et la douleur étaient incommensurables. L’évacuation des meubles s’est poursuivie jusqu’à une heure tardive. Pourtant au début, la famille était plus que déterminée à ne pas céder,même en face des matraques de la police.
D’ailleurs, ils avaient tout déployé pour empêcher les agents de police de s’approcher de l’enceinte de la villa. Ils ont, en effet, barricadé la route avec des pneus et des bouteilles de gaz aspergés d’essence. Des grappes de voisins s’agglutinaient devant la villa pour afficher leur solidarité et crier en choeur à l’injustice et à la hogra . Selon les dires de quelques membres de cette famille, le litige ne concerne nullement leur maison, mais plutôt une autre et sur laquelle le jugement se porte.
« Nous sommes victimes d’une mafia de l’immobilier » s’indigne tristement une femme les yeux baignés de larmes. « Nous occupons la maison depuis 40 ans. Nous l’avons construite par nos propres mains. » crie un autre. Pourtant, les agents de police étaient déterminés à l’exécution de cette décision de justice. « Vous avez un problème avec la justice et non avec nous. Je ne fais que mon travail » réplique de son coté un officier.
Il est à rappeler que ce n’est pas la première fois que l’huissier de justice accompagné de la police vient procéder à l’expulsion, mais en vain. Comme à chaque fois et face à une famille nombreuse et récalcitrante, les agents de la force publique ont dû abdiqué.
C’est surtout la mère de famille qui ne pouvait contenir sa révolte en clamant à tue-tête qu’elle est la propriétaire légitime de cette villa qu’ils ont héritée depuis 1870, de père en fils, et que ce n’est point une propriété de la commune de Hussein-Dey comme prétendu, confortant ses dires en indiquant que toutes les maisons avoisinantes s’inscrivent dans le cadre de la propriété privée.
Mais malgré la résistance de toute la famille, les éléments de la police ont réussi à procéder à leur expulsion sous les sanglots, les cris et les pleurs stridents des femmes et des enfants fusant de la maison.
Un scénario qui a accentué le sentiment de hogra et d’injustice chez les voisins, voire chez les passant. Un imbroglio pour le commun des mortels mais que les jours suivants dissiperont sans nul doute. Mais en tout état de cause, une journée très chaude à Panorama, ce lundi.
Sofiane Habarek
La version de l’acheteur
Nous rapprochant de l’acheteur, se dénommant A. H. celui ci, documents à l’appui, dont une copie en notre possession, nous apprit qu’il a acheté la villa en juillet 2006 auprès des héritiers Fenniche Abdelaziz à laquelle elle appartenait. Aux dires de l’acheteur, Fenniche Abdelaziz avait dans un premier temps décidé d’expulser la famille Bouhadjar Amar qui l’occupait sans aucun droit ou titre, mais s’est ravisé eu égard aux liens de parenté qui les unit.
Dans ce contexte, notre interlocuteur rappelle les procédures d’expulsion intentées par le vendeur dès l’année 2000 où un premier jugement d’expulsion a été rendu par le tribunal d’Hussein Dey en date 10/04/2000.
Ce même jugement a été confirmé par la cour d’Alger par arrêt le 27-04-2002. Selon lui, la famille Bouhadjar a tenté d’instruire une procédure d’opposition à exécution à expulsion après que le tribunal de l’Hussein Dey l’ait débouté le 24-09-2005. Ce procès a été même confirmé par arrêt de la Cour en référé le 21-09-2005.
Il a également indiqué qu’au moment même de l’achat, il existait un premier réquisitoire d’expulsion de la famille Bouhadjar qui a , à 4 reprises, tenté d’inscrire des difficultés d’exécution au niveau du tribunal où il y avait 4 ordonnances d’expulsion du même tribunal.
Selon lui, cette affaire constitue la plus ancienne affaire non encore exécutée puisque depuis 2006 , la famille Bouhadjar oppose et affiche une résistance à la décision de la justice et à la force publique, soulignant que tous les plans et cadastres confortent la transaction qu’il a conclu en toute légalité avec le vendeur.
S. H.