Extraction de sable dans les Oueds

Extraction de sable dans les Oueds

Le gouvernement temporise sur l’interdiction

Alors que de nombreux experts ont averti sur les catastrophes écologiques qui pourraient découler de l’extraction de sable des Oueds, le gouvernement continue à tergiverser piégé par les nombreux projets en cours de réalisation dans le secteur de l’habitat et des travaux publics. Le ministre des Ressources en eaux, Abdelmalek Sellal avait indiqué récemment que son département étudiait la possibilité de prolonger de six mois la période de sursis accordée aux entrepreneurs et autres exploitants de ce matériau de construction avant d’officialiser l’interdiction d’extraire du sable des oueds.

Il avait relevé qu’un conseil interministériel, auquel prendront part les ministères des Ressources en eaux, de l’Habitat, de l’Energie et de l’Environnement décidera bientôt de l’opération recensement des sablières et de leurs exploitants.

D’ailleurs, un décret exécutif vient d’être publié dans le dernier journal officiel fixant les conditions d’interdiction d’extraction des matériaux alluvionnaires dans les lits d’oueds et tronçons d’oueds présentant un risque de dégradation ainsi que les modalités d’exploitation dans les sites autorisés a été promulgué mais le contenu de ce texte ne tranche pas définitivement cette question. Désormais, les décisions concernant ce problème seront soumises à une commission intersectorielle ayant pour mission d’étudier et de donner un avis sur les propositions des administrations de wilayas chargées des ressources en eau portant délimitation des Oueds ou des tronçons d’Oueds devant faire l’objet d’interdiction d’extraction de sable. Outre un représentant du ministère chargé des ressources en eaux, la commission est composée de représentants des ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales, des Finances, de l’Energie et des mines, l’Environnement, l’Agriculture, les Travaux publics et l’Habitat. L’interdiction de l’extraction de sable des oueds devait entrer en vigueur le 4 septembre 2007conformément à un texte de loi proposé par le ministère des Ressources en eaux, le 4 août 2005. Mais une tension sur ce produit, dans un contexte marqué par la multiplication des chantiers à travers le pays, a poussé les pouvoirs publics à reporter aux calendes grecques, cette décision.

L’Etat se retrouve à gérer un dilemme lié à l’incapacité des carrières à sable à répondre aux besoins du marché sans cesse grandissant et la dégradation de l’environnement. Les besoins de l’Algérie avaient atteint 56 millions de tonnes de granulats. Près de 13 à 14 millions de tonnes de sable des oueds sont prélevés annuellement. Les matériaux alluvionnaires produits par les oueds couvrent 40% des besoins nationaux. Le ministère des ressources en eau essaye de rendre progressive cette interdiction afin de ne pas brusquer le marché. Le département d’Abdelmalek Sellal pourrait proposer d’interdire l’extraction du sable des oueds au niveau des wilayas de Tizi-Ouzou, Boumerdès, Oran et Annaba.

Yasmine Idjer