Exxon et Chevron auraient gelé leurs discussions avec Sonatrach : Info ou intox ?

Exxon et Chevron auraient gelé leurs discussions avec Sonatrach : Info ou intox ?

Hormis la production «tout le reste est complètement gelé y compris les discussions avec Exxon et Chevron», a indiqué une source de la compagnie nationale, citée par Reuters.

Info ou intox ? La question est posée et vu que l’information provient du cœur même de Sonatrach, la réponse ne peut que jaillir de son sein. La rumeur demeure persistante et ne date de toute manière pas d’aujourd’hui. Elle revient au-devant de la scène à un moment où l’Algérie traverse une crise politique sans précédent provoquée par la démission de l’ex-président de la République.

Les discussions entre la compagnie pétrolière nationale Sonatrach et les compagnies pétrolières américaines à l’image d’Exxon et Chevron sont toujours gelées, dans un contexte de crise politique touchant le pays depuis
6 mois, a rapporté l’agence Reuters dans une dépêche datée d’hier.

«La production est toujours en cours chez Sonatrach, mais tout le reste est complètement gelé y compris les discussions avec Exxon et Chevron», a indiqué une source au sein de la compagnie pétrolière nationale, qui «a refusé d’être identifiée compte tenu de la situation politique délicate» précise l’Agence de presse internationale basée à Londres. Tout accord avec une compagnie étrangère est «sensible en Algérie et a besoin du soutien d’un président permanent et non par un intérimaire» ajoute-t-elle. «Aucune visibilité sur le court terme étant donné que c’est la politique et non l’économie qui a la priorité pour l’instant», aurait indiqué l’«informateur» qui a sourcé Reuters.

Tout porte à croire cependant que si les pourparlers traînent entre les compagnies pétrolières américaines et Sonatrach, cela serait plutôt dû à la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui tarde à voir le jour. La Compagnie nationale des hydrocarbures ne pouvait donc aspirer jouer dans la cour des grands sans revoir sa loi. Un texte qui devait être dépoussiéré pour décupler la force de frappe de Sonatrach qui a pour objectif d’intégrer le cercle fermé du gotha des compagnies qui dominent la sphère de l’énergie. Il devenait donc impératif de jeter du lest, en introduisant beaucoup de «souplesse» à l’effet d’attirer davantage les investisseurs étrangers. Les «correctifs» attendus pour cet été n’ont pas été dévoilés à la période arrêtée (août 2019). La situation politique contraindra probablement au report de l’adoption de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Ce qui a donné libre cours à certaines spéculations annonciatrices de projets gelés, d’une désaffection de l’intérêt d’investisseurs étrangers pour le marché algérien et de difficultés à assurer le niveau actuel des exportations d’hydrocarbures.

«Il est probable que la promulgation de la nouvelle loi soit ralentie, ce qui risque de contrecarrer davantage les ambitions du pays d’augmenter ou même maintenir les niveaux d’exportations de gaz», estime Toya Latham, analyste pour Global Data. Malgré la conjoncture politique que traverse le pays, la major américaine, ExxonMobil, première compagnie pétrolière mondiale, BP et Shell, ont montré leur intérêt à investir et à relancer leurs activités en Algérie.

Chevron, 6ème compagnie pétrolière mondiale avait exprimé le souhait de son groupe de s’associer au projet de création d’une société de trading lancée par Sonatrach. Le groupe nippon, Coo Itochu, spécialisé dans la construction de méthaniers, l’italien ENI, dans le cadre d’une cession de participations d’un projet auquel est associé le britannique Petroceltic, sont autant de prises potentielles qui doivent figurer sur le «tableau de chasse» de Sonatrach. Aucune ne s’est officiellement rétractée. Ni attendu une nouvelle loi pour manifester de l’intérêt pour le marché algérien. La compagnie nationale des hydrocarbures a renouvelé trois gros contrats de livraison de gaz naturel entre le 16 mai et le 26 juin (l’italien ENI, la Société pétrolière et gazière portugaise Galp et le groupe énergétique italien Enel), tordant ainsi le coup à cette rumeur persistante qui donnait le marché algérien pour un champ de mines.

Mohammed Touati