«Hizb França», le «parti de la France»,«FrançAlgérie». C’est le fantasme qui alimente régulièrement la société algérienne. Certains média et politiques voient dans le voyage éclair de François Hollande à Alger le 15 juin 2015, la marque de l’interventionnisme de Paris dans la politique du pays. Il est certain en revanche que la succession du président Bouteflika semble bel et bien engagée.
«L’interventionnisme de la France dans la politique algérienne.» Ces propos émanent d’un homme politique. Noureddine Boukrouh, ancien candidat à la présidence en 1995, ancien ministre de 1999 à 2005. Lors d’un entretien vidéo à El Watan, il déclare (voir la vidéo à 1’12): «Bien sûr que le voyage de Hollande… il a à voir avec la succession… On dit que… Peut-être qu’il ira pour intervenir dans la question de la succession…» Le site Algérie 360 croit même savoir que Bouteflika abandonnera le pouvoir en 2016.
Car la thèse complotiste ne date pas d’hier en Algérie. Houari Boumédiène, chef de l’Etat de 1965 à 1976, fut le premier à parler de Hizb França, le parti de la France, pour désigner ceux qui s’opposaient à sa politique. Aussi, il est fréquent d’attribuer à Paris des prétentions interventionnistes. L’Agence France Presse cite sans le nommer un diplomate qui entend tordre le coup à la rumeur. «François Hollande ne se mêlera ni directement ni indirectement de la question de la succession de M.Bouteflika qui, à ma connaissance, n’est pas une question posée aujourd’hui.»
Visite de compassion
Il est sûr que cette visite surprend les observateurs. D’autant que c’est la première fois qu’un chef d’Etat français se déplace deux fois en Algérie lors de son mandat. Pour Radio M et son club de la presse, relayé par le Huffington Post, il s’agit d’une «visite de compassion». «On va rendre visite à une copain malade», compatit le journaliste Abed Charef.
Le site Afrique Inside pense, lui, que «ce voyage permettra aux responsables français de mesurer l’état de santé du président algérien de 78 ans, très diminué physiquement depuis un accident vasculaire cérébral».
Pour autant, les journalistes présents sur Radio M refusent de parler de vassalité: «Il faut tordre le coup à l’idée que le président algérien est désigné par la France.» Tout en reconnaissant des «pressions possibles».
Guerre de succession
En tout cas, l’état de santé du président qui semble s’être dégradé, a lancé la guerre de succession à Abdelaziz Bouteflika. Tous les observateurs s’accordent sur ce point. Le débat politique s’enflamme, titre El Watan. Il y a quelques jours, l’armée apportait son soutien au secrétaire général du FLN. Une première qui a fait grincer des dents, soulignions-nous à Géopolis.
Le journaliste et écrivain Abed Charef écrit dans son blog: «Par petites touches, un nouveau dispositif politique est en train de se mettre en place en Algérie.» Sous-entendu, il faudra mettre fin au quatrième mandat de Bouteflika. Et le journaliste de conclure: «Il reste à savoir quand interviendra la grande décision, et sous quelle forme.»