Munis de bouteilles d’eau, les enfants se mettent à toutes sortes d’activités.
Les vacances d’été se passent à deux vitesses pour les enfants en Algérie. A 100 à l’heure pour les enfants habitant les grandes villes et les villes côtières et en poids mort pour ceux des villages et autres hameaux perdus de l’Algérie profonde. Alors que les premiers ont l’embarras du choix entre la mer, les piscines et les spectacles pour enfants organisés sur les placettes publiques à titre gracieux, les seconds n’ont que l’ombre de l’olivier pour se rafraîchir et oublier le temps. C’est le cas des enfants de plusieurs villages de la wilaya de Bouira.
Les enfants dans la commune de Haizer par exemple, distante de 10 km du chef-lieu de la wilaya de Bouira, passent la plupart de leur temps à l’ombre des oliviers. Ils se rendent aux oliveraies, a-t-on pu constater, dès les premières heures de la matinée et y restent quand ils ne ressentent pas le besoin de déjeuner jusqu’à la fin de l’après-midi. Munis de bouteilles d’eau, les enfants se mettent à toutes sortes d’activités des enfants de leurs âges. Ils jouent à cache- cache, aux dominos, au football, aux arts martiaux…etc. Ce n’est pas un choix qu’ils ont fait, mais faute de mieux. L’APC de Haizer qui avait l’habitude par le passé d’organiser des excursions vers les plages au profit des enfants de toute la commune et plus spécialement les enfants démunis, a renoncé cette année à cette initiative. La décision a été prise, nous apprend un élu à l’APC,suite aux instructions qui ont été données aux P/APC leur demandant de rationaliser les dépenses. Celui-ci, nous apprend aussi, que la maison de jeunes de la commune relevant de l’Office des établissements de jeunes de la wilaya (Odej) qui organisait elle aussi des sorties au profit des enfants vers les plages, n’a reçu aucun centime cette année destiné à cet effet.
Les enfants qui ne comprennent pas ce que c’est que la rationalisation des dépenses et les restrictions budgétaires se rendent quotidiennement à l’APC et à la maison de jeunes pour s’informer désespérément quant à une éventuelle reprise des excursions. «Ils ont raison. Ils ne sont pour rien dans la crise financière que traverse le pays»,nous dira avec regret cet élu à l’APC. Notre interlocuteur se rappelle très bien des nombreuses excursions organisées par l’APC au profit des enfants de la commune, il y a de cela deux ans vers les plages des wilayas de Béjaïa, de Boumerdès, d’Alger et de Tizi-Ouzou. «C’était toujours un événement pour eux. Les enfants retournaient toujours comblés d’une journée passée entièrement sur la plage», a-t-il ajouté, plaidant pour la reprise de ces excursions bénéfiques pour les enfants sur beaucoup de plans. En annulant ces excursions, selon lui, on aura privé les enfants de leur droit au jeu, à la découverte et au divertissement.
Plus grave encore, priver les enfants des plages en été, enchaîne-t-il, notamment pour ceux habitant les villages de montagne comme c’est le cas pour Haizer, c’est exposer directement leurs vies au danger de la mort. En effet, expliquet-il, ces enfants quand ils ne peuvent pas se rendre à la plage, recourent systématiquement aux eaux des retenues collinaires pour se baigner, et quand ils arrivent à échapper aux noyades, ils attrapent de peu plusieurs maladies. Cela est déjà arrivé à Haizer et dans de nombreuses autres communes et villages de l’Algérie profonde. Les services de la Protection civile, font état en effet chaque année de dizaines, voire des centaines de cas de noyades d’enfants dans des retenues collinaires, dans des puits et ces dernières années, en raison de leur construction en nombre, dans des barrages. Ainsi, d’aucuns pensent que la responsabilité des pouvoirs publics est engagée dans le triste sort que ces enfants pourront connaître. La seule solution, pour y remédier, souligne-t-on, est la reprise de ces excursions, à défaut de construire en grand nombre à l’avenir, des piscines dans chaque commune. Le défi mérite d’être relevé, n’est-ce pas?