Une nouvelle tragédie a frappé la commune de Rouiba, dans la wilaya d’Alger, lundi dernier, où une jeune assistante médicale de 25 ans, Nesrine Guernane, aurait été cruellement assassinée par un homme éconduit. Le collectif Féminicides Algérie a relayé cette information poignante, mettant en lumière un problème persistant dans la société algérienne.
En effet, selon les informations fournies par le collectif, la victime aurait été attaquée sur son lieu de travail, un cabinet dentaires, victime de 13 coups de couteau. Le mobile du crime résiderait dans le refus de la jeune femme d’accepter une demande en mariage de son agresseur, un individu qui la harcelait depuis un certain temps.
La veille du drame, le suspect aurait proféré des menaces de mort à l’encontre de la victime en public, au sein même de la clinique. Malheureusement, personne n’a pris ces avertissements au sérieux, et aucun appel à l’aide n’a été lancé à la police. Ce manque de réaction souligne les défis auxquels la société algérienne est confrontée dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
De manière alarmante, le collectif Féminicides Algérie rapporte que le suspect aurait également tenté de tuer une femme cardiologue travaillant dans le même immeuble que la clinique. Ce triste incident marque le quatrième féminicide recensé depuis le début de janvier 2024, soulignant l’urgence d’une action concertée pour protéger les femmes contre de tels actes de violence.
Un bilan alarmant : Les chiffres des féminicides en Algérie
Depuis 2019, l’Algérie a été le théâtre d’au moins 261 féminicides, selon un récent rapport du collectif. Ce chiffre inclut des mères de famille, et tragiquement, 16 femmes étaient enceintes au moment de leur assassinat. Cette escalade de violence est d’autant plus préoccupante qu’elle persiste malgré les efforts déployés pour sensibiliser et lutter contre ce fléau.
Entre le 1er janvier 2023 et aujourd’hui, 33 femmes ont perdu la vie dans des circonstances similaires, portant le total entre 2019 et 2022 à 228 féminicides. Ces statistiques alarmantes ont été présentées par Wiame Awras, membre éminent du collectif Féminicides Algérie, en novembre dernier. Ces données, bien que basées principalement sur des cas médiatisés, mettent en lumière une réalité troublante.
Le rapport du collectif, fruit d’une analyse approfondie des féminicides entre 2019 et 2022, souligne qu’au moins une femme est assassinée chaque semaine en Algérie. Les victimes sont souvent poignardées, égorgées, ou tuées par arme à feu, avec des cas extrêmes de femmes brûlées vives. Toutes ont en commun d’être ciblées en raison de leur genre, dans une société où le patriarcat et le conservatisme persistent.
Wiame Awras, du collectif Féminicides Algérie, souligne que près de 80% des féminicides sont perpétrés par un membre de la famille de la victime. Dans 61% des cas, il s’agit du conjoint, dont certains sont des policiers ou militaires ayant utilisé leur arme de service pour commettre l’irréparable. Des jeunes, parfois, se retrouvent également dans le rôle de meurtriers, un phénomène dénoncé par le rapport.
Pour conclure, le rapport évoque des situations où une famille entière se rend complice d’un assassinat. Le cas de Nihal, 19 ans, tuée en mars 2022 par des proches invoquant un soi-disant crime d’honneur en raison d’une grossesse hors mariage, en est un exemple déchirant.
Voir cette publication sur Instagram