La méditerranée n’est plus qu’un cimetière bleu. Depuis deux ans, le phénomène de la Harga, ou migration clandestine, a pris des dimensions effarantes en Algérie. Le fléau qui était exclusivement réservé aux hommes, voit dorénavant ses rangs renforcés par des centaines de femmes rangées par l’espoir de trouver mieux ailleurs. Un espoir qui mène parfois à la mort.
Crise économique et sociale, flou politique, pouvoir d’achat en berne… rien ne va plus en Algérie. Si la Harga ne concernait autrefois que les jeunes hommes, maintenant, les femmes et les enfants s’y mettent, eux aussi, et comme il n y a pas de galanterie dans le business, les candidates à la traversée de la grande bleue doivent payer parfois plus que les hommes.
Une mort au prix fort
Inconscience ou désespoir ? De plus en plus de femmes se jettent et défient la méditerranée, se fiant à des passeurs sans foi ni loi, qui se font pourtant passer pour des sauveurs, et qui sont, hélas, souvent vus comme tels. « Je te prends dans la sécurité elle-même ma sœur, je ne vais pas t’embarquer dans une vielle chose qui va s’arrêter au milieu de la traversée. C’est du nouveau matériel que je propose » promet un des passeurs à une journaliste d’El Chourouk qui menait une enquête sur les prix de la traversée clandestine.
« Fais-moi confiance ma sœur, travailler avec l’argent des gens et les faire traverser n’est pas chose facile », ajoute le passeur qui tente d’amadouer la journaliste qui se faisait passer pour une candidate à la Harga. En ce qui concerne les prix, le passeur indique que « nous, on demande 70 millions, cependant je peux t’aider un peu en te faisant une remise de 2 millions ou un million. Autre chose ? On pourra toujours se mettre d’accord ».
Sur la barque de la traversée, de cinq mètres de longueur, vont s’entasser cinq autres femmes, dont une maman avec ses deux enfants, ainsi que trois jeunes hommes. Le convoi devrait arriver à San José, en Espagne, après trois heures et demie de navigation. Les Haragas vont être abandonnés dés l’arrivée en sol espagnol.