La traque des grosses têtes des mouvements Rachad et MAk continue. Après avoir lancé des mandats d’arrêt internationaux contre Larbi Zitout et Amir Boukhors, aujourd’hui c’est au tour du leader du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, Ferhat Mehenni.
Ce jeudi 26 aout, la justice algérienne a annoncé l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre plusieurs membres du MAK à leur tête Ferhat Mehenni, une décision sans surprise compte tenu des multiples accusations lancées ces derniers mois contre le mouvement.
Considéré en Algérie comme mouvement terroriste, le MAK est accusé d’être impliqué dans l’assassinant du jeune Djamel Bensmail qui a été lynché à mort le 11 août dernier à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Le mouvement de Ferhat Mehenni est accusé également d’être derrière les incendies de forets ayant frappé dernièrement la Kabylie.
La convention d’extradition entre l’Algérie et la France, une arme à double tranchant
En France, le leader du MAK est protégé par son statut de réfugié politique, mais une nouvelle loi, promulguée en mars dernier par le président Français Emmanuel Macron, pourrait faire basculer les choses, car lui et son mouvement, sont accusés par l’Algérie de terrorisme.
Il s’agit de la loi n°2021-302 du 22 mars 2021 relative à la convention d’extradition signée en 2019 entre Alger et Paris. Cette dernière vise à établir une coopération renforcée entre l’Algérie et la France en matière de lutte contre la criminalité, conduisant à la remise effective et plus rapide des personnes recherchées.
Dans cette convention, il est stipulé que « les parties (l’Algérie et la France) ont l’obligation d’extrader toute personne poursuivie pour des infractions à caractère terroriste« .
Toutefois, la même convention stipule que l’extradition est refusée si la partie requise (la France dans ce cas) a de sérieux motifs de croire que la demande d’extradition a été présentée en vue de poursuivre la personne réclamée en raison de sa race ou de ses opinions politiques. Cet article de convention pourrait jouer en faveur de Ferhat Mehenni, car la dernière décision revient à la justice française et ses avocats n’hésiteraient pas à jouer cette carte.
En effet, si la justice juge que l’infraction pour laquelle Ferhat Mehenni a été demandé est considérée comme politique, la demande d’extradition sera automatiquement rejetée. Ce qui pourrait être le cas puisqu’il est à la tête d’un mouvement qui réclame l’indépendance de la Kabylie depuis la France, et ce, depuis une quinzaine d’années.
L’autre facteur qui pourrait jouer en faveur du leader du MAK est la création du gouvernement provisoire kabyle (GPK) en 2010. Ce dernier a été créé sous forme d’une association à Paris. D’un autre côté, il convient souligner que Ferhat Mehenni est soutenu par des députés et plusieurs lobbies français.
Aujourd’hui, l’Algérie semble être plus déterminée que jamais à rapatrier Ferhat Mehenni, mais la France va-t-elle accepté de coopérer sur cette affaire ? Le temps nous le dira.