Dominique Lorraine
Récupéré, en dernière minute, après l’annonce de la sélection officielle (le film n’était pas fini), «Once Upon a Time… in Hollywood » de Quentin Tarantino était très attendu… Quatre ans après « Les Huit Salopards », le cinéaste américain a dévoilé la plupart de ses films à Cannes où il a obtenu la Palme d’or, en 1994, pour « Pulp Fiction ». Avant de présider le jury, en 2004.
Ces dernières semaines, sa présence aura fait l’objet d’un grand suspense, compte tenu de l’enjeu de l’événement médiatique, incarné par la présence sur la même toile de Leonardo Di Caprio, Brad Pitt, Al Pacino. En sus des relations actuelles plutôt compliqués entre Cannes et Hollywood. À la projection de presse, les journalistes se bousculaient donc… Avec un petit clin d’oeil à Sergio Leone, cité sous son premier nom d’emprunt, Sergio Cobucci, « Il était une fois à Hollywood » situe les faits sur le terrain hollywoodien, au sommet de son art télévisuel qui captait l’attention de millions d’Américains au même moment devant leur poste en noir et blanc. A Hollywood, l’été 1969, une star du feuilleton télé (Leonardo Di Caprio) et un cascadeur, sa doublure de longue date (Brad Pitt) poursuivent leur carrière commune, au sein d’une industrie cinématographique qu’ils ne reconnaissent plus tellement. Boulimique qu’elle était déjà.
On y voit donc le héros récurrent, Rick Dalton, cantonné au rôle du méchant dans des westerns plutôt sur le déclin et son double Cliff Booth, qui assure les scènes dangereuses à sa place. Tout aussi son chauffeur, son homme à tout faire et son meilleur ami. On suit, en parallèle les débuts vie de Sharon Tate (Margot Robbie), fraîchement mariée à Roman Polanski, qui vit dans la maison d’à côté. Quentin Tarantino entremêle les scènes des uns et des autres, y ajoutant des extraits des feuilletons tournés par Rick. La fin du film est plutôt surprenante, puisque Tarantino, qui aura entraîné tout son beau monde sur une fausse piste, vaut son pesant de peanuts. (Par une annonce en début de projection, Tarantino a demandé de ne pas la révéler). C’est une fresque «tarantinesque» très nostalgique sur un cinéma hollywoodien disparu, magnifiquement accompagné par la musique pop des années 60.
Le réalisateur y résume aussi ce qui a construit son cinéma : la patte western de «Les Huit Salopards» et «Django Unchained», l’humour noir de «Pulp Fiction» et la violence sanguinolente et complaisante de «Kill Bill». Mais au final qui trop embrasse, mal étreint (le film dure presque 3 heures), et l’enthousiasme premier n’est forcément plus encore au rendez-vous, une fois la projection terminée.