Bien que les industries culturelles soient quasi absentes et inexistante en Algérie, certaines productions cinématographiques réussissent à se distinguer au niveau régional et continental. C’est le cas de deux films algériens qui ont décroché deux prix lors de la 10e édition du Festival maghrébin du film, tenu durant la période allant du 19 au 23 novembre 2021.
Il s’agit en effet d’une manifestation culturelle qui se tient chaque année depuis 2010, dans la ville marocaine d’Oujda, aux frontières ouest de l’Algérie. Le Festival maghrébin du film met la lumière sur les différents œuvres cinématographiques, dans l’objectif de contribuer au développement de l’industrie du film et célébrer le 7ᵉ art à l’international.
Parmi les 18 films ayant participé, deux films algériens se sont distingué. Il s’agit de Papicha et Printemps reporté ayant respectivement décroché le Grand Prix du meilleur film dans la catégorie « longs métrages », ainsi que celui du Prix du meilleur scénario dans la catégorie « courts métrages ».
Papicha, un long métrage retraçant la souffrance des femmes à l’ère du terrorisme
Sorti en 2019, et réalisé par la franco-algérienne, Mounia Meddour, Papicha retrace la vie de jeunes étudiantes algériennes, ambitieuses et émancipées voulant défier la peur et les intégristes des années 1990 pour réaliser leurs objectifs. Le rôle principal a été incarné par Lyna Khoudri, une actrice franco-algérienne de 29 ans.
L’histoire du film tourne autour de la vie de « Nedjma », une jeune étudiante algérienne en littérature, qui veut mener une vie normale et sortir le soir avec ses amies, d’où le mot « papicha » signifiant en dialecte algérien, les jeunes femmes coquettes et extraverties.
Nedjma est en effet passionné de stylisme et rêve de monter un défilé de mode au sein de la résidence universitaire, malgré le contexte sécuritaires des années 1990. Ayant perdu sa sœur, journaliste et reporter tué par les terroristes, la jeune étudiantes refuse de baisser les bras face aux événements tragiques de la décennie noir.
Un film « censuré » en Algérie
Rappelons ainsi, que le film de Mounia Meddour qui a représenté l’Algérie aux Oscars et obtenu le César 2020 du premier film, a été censuré à Alger et interdit de projection sans explication de la part des autorités concernées.
« Pour des raisons en interne, la projection de l’avant-première du film et la sortie nationale ont été annulées », avait annoncé le 17 septembre 2019, Redha Talmat, directeur du Centre algérien pour le développement du cinéma.
Suite de quoi, le cinéaste et coproducteur de Papicha, Belkacem Hadjadj avait qualifié l’interdiction de sortie du film dans son pays de « mesure arbitraire » qui porte « préjudice à l’image internationale de l’Algérie ».
Sachant que le film a été coproduit par l’État et soutenu par le Fdatic, une institution qui dépend du ministère de la Culture et qui fonctionne avec de l’argent public, cette interdiction avait suscité l’étonnement de plusieurs spécialistes du monde cinématographique, à l’instar des réalisateurs algériens Yanis Koussim et Sofia Djama.