Présent depuis mercredi dernier dans la wilaya de Bouira où il a eu déjà à animer deux meetings, à El Adjiba et Taghzout, le président du Mouvement démocratique et social ou MDS, Fethi Ghares, a été hier l’hôte des étudiants de l’Université Akli-Mohand-Oulhadj pour animer une conférence sur «le Hirak et les perspectives d’avenir».
La conférence, qui devait avoir lieu au niveau de l’auditorium, n’a pu se tenir à cause de la fermeture des portes de l’auditorium par les responsables du campus. Face à cette situation, les étudiants, déterminés plus que jamais, ont défoncé les portes d’un amphi où ils ont organisé cette conférence.
Ceci dit, lors de cette conférence à laquelle ont assisté des dizaines d’étudiantes et d’étudiants, le conférencier a, après avoir brossé le tableau de la situation actuelle en rappelant l’importance de la révolution que le peuple algérien est en train de réussir et la page d’Histoire glorieuse qu’il est en train d’écrire en se soulevant à travers les 48 wilayas comme un seul homme et avec un seul mot d’ordre, « Yetnahaw gaâ », annoncé les propositions de son parti qui s’articulent autour d’une transition qui pourra aller jusqu’à deux ans. « Une transition au cours de laquelle seront discutés tous les sujets brûlants et pouvant engager l’avenir du pays », dira-t-il.
Pour ce faire, le conférencier, qui a critiqué la position du vice-ministre de la Défense et général de corps d’armée, Gaïd Salah, qui « continue à parler du respect de la Constitution à travers l’application têtue de l’article 102, tout en piétinant cette même Constitution à longueur de journée », conditionnera cette transition par « le départ préalable de toutes les figures qui incarnent le système actuel tel que revendiqué sans ambages par les millions d’Algériens qui sortent chaque vendredi dans un esprit civilisationnel et pacifique.
Une fois ces figures parties, il faudra installer un présidium composé de quatre à cinq personnalités indépendantes et consensuelles et elles existent ; ensuite l’installation d’un gouvernement de transition composé également de compétences nationales et non partisanes, et qui auront à gérer les affaires courantes du pays ».
Une fois ces institutions comblées, « un large débat national sera lancé pendant près de six mois afin de permettre aux citoyens qui ne se reconnaissent pas dans les partis politiques qui auront déjà désigné leurs représentants, de se réunir et de désigner démocratiquement leurs représentants parmi les gens du Hirak, et qui figureront dans la conférence nationale qui aura lieu après les mois de débats et qui se penchera sur les mécanismes et les modalités d’une nouvelle Constitution ou des amendements pour l’actuelle », dira Fethi Ghares qui a donné au tout début son point de vue sur cette Algérie du futur avec la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, mais surtout « cette question de décentralisation, régionalisation ou fédéralisme, comme siéra aux futurs représentants du peuple lors de cette conférence nationale qui devra prendre en compte cette diversité culturelle du peuple algérien qui est source de richesse comme nous venons de le constater lors de ce Hirak , où le peuple algérien a fini par déjouer toutes les manœuvres de division que le système a toujours utilisées pour se maintenir au pouvoir».
Cependant, notera le conférencier, « pendant cette période transitoire, et avant d’adopter cette nouvelle Constitution, il y aura également l’installation d’une justice de transition qui installera une commission d’enquête sur les dossiers de corruption, de détournements et d’assassinats qui ont eu lieu pendant les événements du Printemps noir avec les 128 martyrs, les assassinats politiques de la décennie noire, ainsi que les victimes d’Octobre 1988 ».
Après la finalisation des travaux de cette commission, le peuple aura à choisir par référendum soit l’amnistie avec réparation morale, à savoir le pardon, et matérielle par l’indemnisation ; mais avec le caractère d’inéligibilité pour les acteurs de ces actes d’assassinat et de violences, soit des condamnations et des prisons.
Une fois tous ces sujets traités d’une manière sereine et consensuelle, et une fois la nouvelle Constitution adoptée, « on pourra aller vers des élections libres et démocratiques dans le cadre d’une IIe République où les différences d’idées et de programmes seront sanctionnées par l’urne , loin de tout acte de violence, comme le démontre actuellement le peuple algérien par sa maturité pour aller vers une véritable démocratie faite autour d’idées avec des débats contradictoires mais pacifiques, loin de tout recours à la violence », dira enfin le président du MDS.
Y. Y.