En 2012, Abarth lança plusieurs éditions limitées sur la base de sa Punto Evo. La plus intéressante et la plus rare d’entre elles est la Scorpione. Avec seulement dix de prévues pour la France, elle se fera discrète sur nos routes. Tout le contraire de son kit carrosserie, aussi en vue que Aldo Maccione sur la plage dans l’Aventure, c’est l’Aventure. Mais les retouches apportées suffisent-elles à faire de cette italienne une outsider de taille aux reines de la catégorie ?
10, c’est la quantité de Fiat Punto Abarth Scorpione que vous pensiez allouée sur notre territoire ? C’est faux, nous en avons trouvé une onzième ! Il ne fallait pas manquer d’abnégation pour faire venir son Abarth d’Italie. Initialement prévue dans le stock italien, c’est suite au manque de ventes de l’autre côté des Alpes que l’un de nos lecteurs a pu faire venir son joujou. Il aura nécessité pour cela de braver bien des tracas administratifs et faire face à la paranoïa de Fiat Italie combinée au manque de motivation de Fiat France…
PRESENTATION
La Fiat-Abarth Punto Scorpione fut présentée au Salon de Bologne en décembre 2011 et commercialisée en mai 2012 en même temps que la Punto Evo et la Supersport dont elle dérive. Limitée à 199 exemplaires dans le monde, la production de cette série spéciale richement équipée a été scindée en deux, avec 100 exemplaires à étriers rouges et à 99 autres à étriers jaunes.
Au même titre que les 695 Tributo Ferrari et d’une 695 Tributo Maserati, l’achat d’une Punto Scorpione s’accompagne d’un certificat d’authenticité sur papier glacé format A4, et l’accès à « l’espace réservé » du site www.abarthspecialties.com. Si avec ça vous n’êtes pas convaincu de rouler en collector ! Uniquement disponible en noir, cette Punto Scorpione se distingue par la présence d’un covering partiel en noir mat sur le capot et sur le toit, sans oublier ses jantes 18″ en titane et vernies en noir. Du kit Esse-Esse, qui n’est plus proposé à la vente, elle hérite de la double sortie d’échappement agrandie.
Cette italienne fait dans l’exubérance, il ne faut donc pas espérer rouler incognito. C’est encore plus vrai quand, à son volant, on retrouve le sosie de Lionel Ritchie en la personne de Chris son propriétaire… L’intérieur de la Fiat Punto Evo n’est pas son point fort et la Scorpione peut difficilement dissimuler les origines roturières de celle dont elle dérive. Si on pardonne à l’Abarth Punto Evo 165 ch ses détails de finition approximatifs du fait de son prix de vente placé sous les 20.000 €, à 5.000 € de plus, la forme a autant d’importance que le fond. Dommage car le fond est plutôt bien avec les superbes sièges baquets Abarth Corsa by Sabelt, aux coutures rouges et jaunes et à la coque de siège couleur noire mate. La touche sportive est relevée par la présence d’un pédalier inox. Quant à l’équipement fourni, il comprend tout le nécessaire que l’on peut attendre d’une citadine moderne.
ABARTH PUNTO EVO SUPERSPORT
Supposée être une édition limitée, la Punto Evo SuperSport a remplacé la Punto Evo 165. Le kit 180 ch est posé par les concessions Abarth et fait grimper la puissance fiscale d’un cheval. D’une certaine façon, elle remplace le kit Esse-Esse en l’incorporant de série à toutes les Punto. Si vous n’y comprenez rien, c’est normal. La gamme Punto Evo vire au grand flou artistique, à se demander si les gens de chez Abarth y comprennent eux-mêmes encore quelque chose. La principale chose à retenir est que, dans l’histoire, le ticket d’entrée de la Punto Abarth a pris 2.500 € en passant à 21.990 €. Malgré cette hausse de tarif, elle reste l’une des moins chères de la catégorie, juste derrière la Seat Ibiza SC Cupra…
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MOTEUR
Les 165 chevaux de la Punto Abarth paraissaient un peu justes face à une concurrence toujours plus agressive. En ajoutant seulement 15 ch et 20 nm de couple, Abarth a métamorphosé le caractère du 1.4 MultiAir, moteur par ailleurs primé à plusieurs reprises. Ils se payent même le luxe de surclasser l’Alfa Romeo Mito QV sur le terrain de la puissance, c’est dire où en est Alfa actuellement… Moins « usine à gaz » que le 1.4 VW équipé d’un compresseur en plus de son turbocompresseur, le petit bloc italien se contente d’un turbo Garrett et pêche en réactivité à bas régime. Caractéristique étonnante compte tenu de la communication opérée par Fiat sur la distribution variable et son innovant système de levée de soupapes supposé remplir idéalement les chambres de combustion… et garantir un couple omniprésent à tous les régimes. Le quatre cylindres Abarth se rattrape par une belle vigueur lorsque le couple déboule. Relativement brutal, il n’est pas sans rappeler le caractère on/off des vieux moteurs turbo ou l’effet overboost de la dernière Fiesta ST 182 ch. Un beau contrepied aux productions récentes, à l’image de la Clio 4 RS et 208 GTI auxquelles on reproche la linéarité de leur mécanique.
Mais quitte à ce qu’il se déclenche tard, nous aurions aimé que le turbo se montre hargneux jusqu’à la zone rouge. Or il s’essouffle trop vite, dès 6.000 tr/min… De base, trop juste en performances, la Fiat Punto Abarth gagne ici les dixièmes qu’il lui manquait pour faire bonne figure dans notre guide des GTI. Reste qu’avec un 0 à 100 km/h expédié en 7,5 secondes et 216 km/h en vitesse maximale, la turinoise squatte toujours la queue du peloton. Le point fort de la Punto Evo Scorpione réside dans sa sonorité. Du moins, en charge car, au ralenti, le son ressemble étrangement à celui d’un moteur alimenté par une injection directe ! La boîte manuelle est une vraie fausse nouveauté puisqu’elle équipe à présent toute la gamme Fiat et Alfa Romeo, y compris laGiulietta QV. Si elle a pour principale qualité d’être une véritable boîte 6, elle a en revanche un défaut de taille, son maniement approximatif et ses débattements trop longs. La consommation affichée sur 5.000 km est de 8.5L/100 km. Bien dans l’air du temps pour faire baisser les émissions de CO2, le Stop & Start monté en série est heureusement déconnectable pour profiter du ronron de l’échappement même au feu rouge.
SUR LA ROUTE
L’Abarth Punto Scorpione perpétue la lignée des Fiat fougueuses. Les Uno Turbo i.e., Punto GT et, dans un autre genre, les Fiat Coupé T16 et T20, ont marqué l’histoire sportive du constructeur de Turin. Rarement pour la qualité de leur train avant, souvent jugé dépassé par les évènements, mais par un caractère « fou-fou » et généreux typiquement latin. La Punto Scorpione reprend le flambeau, dans une configuration naturellement moins jusqu’au-boutiste, 21ème siècle oblige… Actuellement, il n’y a guère que Ford à avoir gardé son âme d’adolescent avec une Fiesta qui porte bien son nom. Peugeot, dans sa stratégie de montée en gamme (sic) revendique un label « sport chic » pour sa208 GTI au même titre que Citroën et sa DS3 Racing quand Renault a révolutionné sa Clio RS pour la transformer en pseudo GT… En dépit de la nouvelle cartographie moteur, Abarth n’a pas retravaillé le train avant de la Punto Evo.
Comme prévu, il se retrouve vite débordé par les assauts du 1.4 turbo avec une tendance à tirer tout droit dans les virages. La direction est incapable d’absorber correctement l’ensemble des remontées de couple qui finissent par vous arriver dans les bras. Pas de pivot découplé à l’avant, la seule béquille fournie est l’autobloquant électronique maison qui, à l’instar de ceux vendus chez VW ou Renault, ne fait qu’agir sur les freins pour assurer un semblant de motricité. La gestion de l’amortissement a été confiée à Koni avec des amortisseurs à valves FSD (Frequency Selective Dumping) et des ressorts spécifiques raccourcis. Ainsi, la souplesse relevée sur la Punto Evo est en partie corrigée. En dépit de la peinture jaune sur les étriers de freins à quatre pistons, le freinage reste celui d’origine et se montre suffisant pour le poids relativement contenu de la Fiat Punto Evo.
:: CONCLUSION
L’Abarth Punto Evo Scorpione n’a pas pour vocation à être la meilleure de sa catégorie. Conscient de ses lacunes, Abarth a misé sur le côté ludique de sa bombinette pour se différencier du segment. Un parti pris qui devrait plaire aux passionnés qui ne se retrouvent plus dans les sportives modernes avares en sensations. Sa principale concurrente est sans doute la nouvelle Ford Fiesta ST, plus homogène et sérieuse dans ses trains roulants mais également moins chère. Car c’est là que le bât blesse, la Punto Evo Scorpione n’est pas donnée. A moins de se diriger vers la SuperSport, toujours disponible en concessions…