Files d’attente, trajets tortueux et mépris du client : Taxi à attendre, la galère

Files d’attente, trajets tortueux et mépris du client : Taxi à attendre, la galère

Durant les trente dernières minutes de son service, si vous n’allez pas dans la même direction que son garage, le chauffeur de taxi refusera de vous conduire à votre destination.

Files d’attente, trajets tortueux…..les taxis algérois ont mauvaise réputation, plutôt justifié, comme le montre notre enquête. Aujourd’hui, plusieurs sociétés de taxi existent à Alger. Taxi collectif, Feth, Bahdja, Wakfs en plus bien entendu des taxis à compteurs.

Nous avons testé durant la première semaine de ce mois quelques dizaines de taxis algérois, dont douze qui font partie de compagnies privées et les autres hélés dans la rue. Ainsi, durant notre balade dans les rues d’Alger, dans 50% des cas les chauffeurs des taxi refusent de nous transporter vers notre destination, alors que dans 30% des cas ils font un détour pour arriver à notre destination et ce, pour avoir un double tarif.

Ainsi, pour rejoindre la commune d’El-Biar, à titre d’exemple, depuis la place Audin, à Alger-Centre, un chauffeur, sans aucune raison, est passé par le Télemly. Avec 80 dinars au compteur, alors que le trajet direct par la rue Docteur Saâdane aurait coûté moins de 50 dinars. Un peu filous, grognons, jamais là quand on a besoin d’eux, c’est peu dire que les taxis algérois ont mauvaise réputation. Officiellement, 12 000 voitures sillonnent les rues de la capitale.

Certes, un peu plus qu’il y a quinze ans, mais pas assez pour avoir la garantie de trouver un véhicule libre aux heures de pointe. Car seuls 1 150 taxis, soit 10,3% du parc, sont exploités en doublage, c’est-à-dire par deux conducteurs durant un jour sur deux.

A Tunis, l’ensemble des 20 000 taxis le sont. Face à cette pénurie, la direction des transports de la wilaya d’Alger a promis de porter le nombre de taxis à 20 000 d’ici à la fin 2012. Mais les professionnels craignent que le prix de leur licence baisse si le nombre des titulaires augmente. Circulation, embouteillage, freins des deux pieds, marche d’escargot et blocage au niveau des carrefours, les clients sont quotidiennement embarrés par les routes à Alger.

Aujourd’hui, le fait de monter dans un taxi coûte 15 dinars (contre 5 auparavant), et la course minimale a été portée à 50 dinars. Face à cela, les clients dénoncent le comportement injustifié de certains chauffeurs de taxi. Principal grief : le refus de prise en charge est le premier motif de plainte à Alger, assure une source proche de la sûreté d’Alger. Or, un chauffeur n’a pas le droit d’éconduire un client s’il est libre, même pour une petite course.

Aux stations et à l’aéroport, c’est la pagaille

Seule exception : durant les trente dernières minutes de son service, si vous n’allez pas dans la même direction que son garage, le chauffeur de taxi refuse de vous conduire à votre destination. Autre problème : les frais dits d’approche, qui s’affichent lorsque vous grimpez dans un taxi réservé à l’avance (taxi service) sont souvent excessifs.

Entre le moment où le chauffeur reçoit l’appel de son client et celui où il arrive chez vous ou à l’endroit fixé entre les deux parties, le délai et la somme sont fixés par l’administrateur (celui qui joue l’intermédiaire). C’est même la quasi-totalité des sociétés de taxi qui justifient cette situation. Généralement, cela coûte aux clients des sommes de surplus allant de 100 à 200 dinars.

Certains taxis font tourner leur compteur à vide dans les quartiers, reconnaît un professionnel. Pour éviter ces frais, il est préférable pour les clients de rappeler directement le chauffeur de taxi.

Dans les gares et les aéroports, il est très difficile de choisir un taxi qui ne gonfle pas le prix de la course. Dans une file d’attente, tous les chauffeurs de taxi sont complices entre eux, généralement ils demandent le même prix et rares sont ceux qui sont généreux. Parfois, des bagarres éclatent à cause du prix de la course.

A l’aéroport international d’Alger, les taxis patientent entre 30 minutes et 1 heure sur le parking qui leur est réservé près du terminal 1. Eux-mêmes ont surnommé cet endroit Guantanamo, à cause des grillages et la présence très musclée des policiers qui filtrent l’entrée principale. En plus de ces conditions, certains clients refusent de monter dans un taxi mal nettoyé.

Sofiane Abi