Les concessionnaires des plages ont profité pleinement, des années durant, avant que les pouvoirs ne décident d’un accès gratuit de celles-ci.
Ils viennent en effet de perdre le contrôle des plages, les pouvoirs publics ayant décidé de mettre de l’ordre dans les lieux de détente et de divertissement à grande affluence. Désormais, les estivants, aussi bien locaux qu’étrangers n’auront plus à débourser 100 DA pour le stationnement du véhiculeon encore 1500 DA pour louer une table, un parasol et des chaises.
Tels étaient les prix instaurés par les concessionnaires dans le cadre de leur investissement « illicite ».
Des prix qui dépassent toute imagination. En tout cas, nombreux sont les estivants qui ont salué la décision des pouvoirs publics. « C’est une décision qui aurait dû être prise depuis longtemps. Toutefois, il n’est pas trop tard pour restituer aux estivants le droit à un accès gratuit », estime Farid B., un jeune amoureux des plages.
Une bonne décision, selon les estivants
« Après des années de dictature, les concessionnaires de plages peuvent prendre leurs chaises et leurs tables et quitter les lieux », explique Mounir A., un homme âgé de 48 ans et un habitué des plages algéroises. Selon Mounir, les plages algéroises de Zéralda,AïnBénian,Sidi Fredj, Bordj El-Kiffan et Hammamet étaient toutes squattées par des concessionnaires qui dictaient leur loi.
« Personne n’osai se plaindre de peur de ne plus avoir le droit d’accéder aux plages. Nous saluons cette décision, ô combien juste, qui vient d’être prise par les pouvoirs publics », ajoute-t-il. A partir de cette saison estivale, les Algériens pourront accéder aux plages autorisées à la baignade gratuitement. Seul le parking sera payant, à raisonde 50 DA la place. Samira, une jeune fille de 32 ans résidant au Golf, va souvent avec sa famille ou ses copines à la plage de Zéralda ou celle deSidi Fredj.
A chaque fois, elle devait débourser une moyenne de 2500 DA rien que pour le parking et la location d’une table et de chaises, sans oublier les dépenses pour la nourriture et les glaces.
« Imaginez, chaque jour, c’était pareil. Je devais débourser quelque 4000 DA pour pouvoir passer une agréable journée à la plage. C’était trop », explique-t-elle.
« Maintenant, avec l’entrée en application de la nouvelle décision,je vais passer des vacances formidables avec ma famille et mes amies vu que l’accès aux plages est gratuit. C’est-là une très bonne initiative qui a été prise par les pouvoirs publics », ajoute-t-elle.Sofiane B., ce jeune Algérois qui réside à Ouled Fayet, n’a pas raté l’occasion d’exprimer sa joie au lendemain de cette décision.
« Je suis très content car, cette année, je ne vais plus rencontrer les jeunes qui squattaient les plages et nous obligeaient à payer pour pouvoir y accéder »,confie-t-il. Son voisin Hocine a salué, pour sa part, la décision des pouvoirs publics : « Enfin, la citation qui dit rendre à César ce qui appartient à César a été appliquée dans notre pays. Autrement dit, je peux désormais me rendre à la plage avec zéro dinar en poche sans avoir à m’inquiéter ».
Fini les irrégularités dans la gestion des plages
Les pouvoirs publics ont décidé d’un accès gratuit aux plages.Ces dernières années pourtant, et malgré les promesses faites quant à la gratuité de l’accès aux plages, les estivants étaient contraints de mettre la main à la poche. « Les contrats de concession des plages ne seront plus autorisés et ceux déjà accordés seront annulés.Des mesures concrètes seront prises pour mettre en application cette décision.
« C’est-là une mesure prise par le ministère de l’Intérieur, annoncée lelundi 27 avril par le directeur général des collectivités locales du ministère, Azzedine BelkacemNacer. « Cette mesure vise à mettre fin à l’anarchie qui règne sur nos plages et aux agissements des concessionnaires privés qui font leur loi », explique-t-il.
« Les pouvoirs publics ont décidé de mettre un terme aux irrégularités liées à l’octroi des concessions pour l’exploitation des plages, lesquelles pénalisent les estivants, et ce à travers une série de mesures concrètes », souligne-t-il.
Ces mesures, qui provoquent la colère des concessionnaires privés de plages, est par contre accueillie avec enthousiasme par les familles algériennes, en particulier celles aux revenus financiers très limités. Le cahier des charges des concessionnaires privés de plages n’était pas toujours respecté.
Celui-ci stipulait que les concessionnaires privés étaient tenus de réserver un tiers des plages concédées à l’accès gratuit. Il est vrai que les prestations de services (parasols, tables chaises) ne seront plus disponibles dans cette partie à l’accès gratuit, toujours est-il que les estivants ne disposant pas de moyens financiers peuvent accéder à ces plages.
Quand l’accès payant à la plage augmente le nombre de noyades
La cherté de l’accès aux plages contraint de nombreuses familles à se diriger vers des plages non payantes et, par conséquent, souvent non surveillées.
Pendant la saison estivale de l’année 2012, 145 personnes ont trouvé la mort par noyade sur les plages du littoral national et dans des plans d’eau, du 1er juin au 31 juillet, a annoncé la direction générale de la Protection civile.
« 79 personnes ont péri en mer dans 14 wilayas côtières, dont 59 dans les plages non autorisées à la baignade ; 66 autres cas de décès par noyade ont été enregistrés dans les barrages, les oueds et les mares d’eau », a précisé le chargé de communication de la Protection civile.
Les plages interdites à la baignade ne disposent pas de moyens de secours, ce qui augmente le risque de noyade.La gratuité de l’accès aux plages pourrait contribuer à réduire le nombre de noyades, en augmentation depuis quelques années surtout dans les plages non surveillées.
500 milliards de centimes alloués pour la saison estivale à Alger
Dans le cadre de la saison estivale, les services de la wilaya d’Alger ont alloué une enveloppe financière de 500 milliards de centimes afin de mettre tous les moyens nécessaires au bien-être des vacanciers qui vont débarquer, par millions, sur les plages et dans les complexes touristiques de la capitale.
Ce budget financier a été décidé lors d’une assemblée générale à laquelle le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, a pris part aux côtés des responsables de ladite wilaya. C’est au cours de cette assemblée que le wali d’Alger a mis l’accent sur la nécessité d’ouvrir, à titre gratuit, l’ensemble des plages autorisées à la baignade au profit des familles algéroises, et ce dans le cadre de la nouvelle politique décidée par les pouvoirs publics.
Aïn El-Turk, la plage d’or oranaise ouverte gratuitement aux estivants
A l’ouest du pays, plus exactement dans les plages de rêve de Aïn El-TurkOran), les services de la wilaya ont consacré un budget de 263 millions de dinars pour la saison estivale.
Cette enveloppe vient s’ajouter aux 144 millions de dinars attribués dans le cadre du PCD (le programme communal de développement). La zone balnéaire étant devenue, depuis quelques années, plus attractive, particulièrement en termes de tourisme local, cette rallonge tombe à point pour les responsables des différentes communes afin d’agir sur le cadre de vie et d’améliorer les conditions d’accueil des estivants.