L’argent n’est ni indolore ni incolore. Bien au contraire, l’argent fait le poids. La bonne campagne est celle la mieux financée.
Les finances pèsent lourdement dans la campagne électorale. Ce nerf est alimenté à chaque mouvement du candidat ou encore du parti en lice. Nous sommes en 2017, l’ère de toutes les nouvelles technologies. Une bonne campagne est celle parfaitement entretenue et financièrement assumée. Aucun des partis politiques n’ignore une telle évidence. Le pouvoir de l’argent fait donc recette. L’interdiction d’utilisation des moyens de l’Etat est classique. Aucun des partis en lice n’embarque ses militants et ses sympathisants dans un cortège composé de vieilles diligences du secteur public.
Les voitures bolides, toutes ornées de différentes couleurs, se mettent à vrombir dès que le candidat fait mine d’appartenir à un mouvement électoral. Cela rappelle à plus d’un que l’argent n’est pas totalement inodore ni encore moins incolore. Bien au contraire, l’argent à lui seul fait le poids. La bonne campagne est celle la mieux financée. «On ne peut pas affronter une quelconque échéance électorale avec des mains nues. Il faut primordialement s’armer de tous les moyens dont essentiellement l’argent», dira un cadre du parti de Ouyahia. Un autre militant du Front de Libération nationale ne se rattrape pas en faisant les mêmes confessions en déclarant que «la meilleure campagne est celle la mieux financée».
Le parti de Louisa Hanoune ou encore le RCD et le FFS ne sont pas en reste. Une telle problématique est posée avec acuité: comment peut-on financer une campagne? D’où puise-t-on toutes ces liasses de billets à dépenser en soignant l’image des candidats et des partis aspirant à des sièges dans l’hémicycle du palais Zighout-Youcef? «Nous n’allons tout de même pas braquer une banque ni faire dans le trafic de drogue pour financer notre campagne de persuasion», ironise un candidat pressenti pour figurer parmi les cinq premières places de la liste du Front de Libération nationale. Le vieux parti compte sur les fonds de ses candidats et ceux de ses sympathisants. «On ne se retranche pas», ajoute notre candidat expliquant que «les cotisations faites par les militants ne suffisent pas à imprimer ne serait-ce que l’affiche contenant les noms des 19 candidats dont la liste est à placarder dans les murs des villes et villages composant la wilaya d’Oran». D’autant plus, ajoute-t-il, une ample visibilité de nos candidats oblige, ce qui nous pousse à mettre le paquet». Idem pour le vieux parti de l’opposition, le FFS.
Le financement de sa campagne est supportée par ses propres cadres, tout comme le RCD. Ces deux partis ne comptent pas faire dans la figuration politique. Leur participation dans les joutes du printemps électoral algérien est plus qu’importante, d’où la nécessité de mettre les bouchées doubles. Ce n’est un secret pour personne. De par sa stature de wilaya plus ou moins importante vu son réservoir électoral dépassant un million d’électeurs, plus d’un parti n’ignore une telle évidence. Le parti le plus visible est celui présent dans tous les coins et recoins des villages et douars, ne serait-ce que par voie d’affichage. Et cet affichage et autres tracts ne sont pas imprimés gratuitement ni aux frais de la princesse. Une telle problématique est à l’avance prise en compte par le parti de Ouyahia. Localement, plus d’un candidat prend à ses frais toutes les charges liées aux dépenses électorales. Il est aidé par ses amis d’affinités.
La formation de la passionaria, Louisa Hanoune, a pris ses dispositions en se préparant à l’avance pour toute échéance électorale. Dans sa stratégie financière, le Parti des travailleurs a tranché la question en prenant au mieux sa comptabilité reposant essentiellement sur d’importantes quotes-parts versées mensuellement par les élus locaux et nationaux à la trésorerie du parti en plus des cotisations mensuelles versées par les militants. Le MSP, par voie officieuse, n’est pas en reste de ce bouillonnement financier devant lui donner droit à placarder ses affiches, lui faciliter les déplacements de ses cadres dans différentes régions lors des rassemblements.
«Comme à l’accoutumée, nous comptons sur les cotisations des militants du parti», dira un cadre local du parti islamiste. De tous les partis visités, un seul son de cloche revient comme un leitmotiv: les listes de candidatures sont confectionnées localement, le financement de la campagne est également autonome, il est assumé au niveau local. En somme, toute une comptabilité digne des grandes manufactures ou encore d’une grande usine qui est à assurer tout en l’assumant minutieusement. Selon un cadre local du RND, un seul rassemblement populaire à animer dans une grande commune peut facilement revenir au coût d’un million de dinars. A cela s’ajoutent les autres frais liés à la restauration des observateurs devant surveiller les urnes, leur transport, la facture globale de toute la campagne peut être arrêtée au montant allant de 15 à 20 milliards de centimes.