Financement des investissements, Laksaci demande aux banques d’être proactives

Financement des investissements, Laksaci demande aux banques d’être proactives

Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, a instruit les banques et les établissements financiers à jouer un rôle « proactif » dans le financement des investissements économiques aussi bien publics que privés.

« Les banques doivent jouer un rôle proactif en 2015 pour soutenir la croissance », a indiqué aujourd’hui Mohamed Laksaci, lors d’une réunion, tenue au siège de la Banque d’Algérie, avec les directeurs des banques et établissements financiers. Ces derniers ont été instruits à prendre une série de mesures constituant, selon le gouverneur de la BA, le nouveau schéma de financement de la croissance économique établi à la faveur de la contraction des ressources financières, due à la baisse des prix de pétrole.



Il a ainsi invité les banques à mieux exploiter leurs ressources, en procédant à leur diversification et se basant sur les dépôts à long terme. Dans ce sens, il a demandé aux banques d’appliquer une stratégie qui permettra l’augmentation des dépôts à termes qui représentent actuellement 20% de la totalité des dépôts, et ce en augmentant son taux pour le rendre plus attractif. Il s’agit aussi de réduire les dépôts à vue et d’augmenter la mobilisation des ressources d’épargne pour le financement des projets. Selon lui, l’épargne des entreprises privées et des ménages s’est accrue sans que le secteur économique n’en profite. Celle-ci, a-t-il ajouté, doit être affectée au financement des investissements des PME et au financement des exportations afin de soutenir la croissance économique du pays, tirée jusqu’ici par le secteur des hydrocarbures.

En outre, Laksaci a indiqué que tous les moyens nécessaires seront mis à la disposition des banques afin qu’elles puissent réussir cette mission, à commencer par la réactivation des opérations sur le marché interbancaire qui va permettre un retour progressif des banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie. Il a cité également la mise en place avant la fin de 2015 d’une nouvelle centrale des risques moderne, capable d’accompagner les banques dans leurs prises de décisions d’octroi de crédits, en leur assurant une meilleure gestion des risques.

Confirmant la solidarité financière des banques algériennes, le gouverneur de la Banque d’Algérie a indiqué le ratio des ressources collectées par rapport au PIB hors-hydrocarbures a augmenté de 66,48% en 2014 et les actifs ont enregistré une hausse de 16,5% durant la même période. Il a fait remarquer, à ce propos, qu’en dépit de cette solidité financière, la structure du financement des investissements montre un niveau très élevé de l’autofinancement. 87% des investissements en Algérie ont été autofinancés durant les neuf dernières années et il en est de même pour les investissements hors hydrocarbures, dont le taux avoisine 60%, alors que l’épargne des entreprises privées et des ménages a connu une forte hausse, a-t-il expliqué tout en réitérant son appel au financement des projets des PME, notamment celles appartenant au secteur privé sur lequel, dit-il, les pouvoirs publics misent ces derniers temps en perspective de se transformer en un levier de croissance et de création de valeurs.

De leur côté, certains directeurs de banques, présents à la rencontre, ont soulevé le problème des garanties pour l’octroi des crédits notamment au secteur public, qui sont généralement assurées par la Caisse de garantie des marchés publics (CGMP), ainsi que la difficulté d’assurer une épargne à terme, vu la structure de l’économie nationale. A ce propos, certains d’entre eux ont suggéré l’ouverture de capital de certaines banques publiques au privé.

L’objectif de ces directives est de soutenir la croissance économique qui risque d’être loin des prévisions du gouvernement suite à la chute des prix du pétrole. Le recours aux banques en termes de financement des investissements s’explique en effet par la rétraction des ressources du Trésor public en raison de la forte baisse des recettes de la fiscalité pétrolière.

Khelifa Litamine