Le métal précieux est de plus en plus cher. Des prix qui ont augmenté de plusieurs centaines de dinars en à peine trois mois pour le gramme depuis l’été dernier. Dans le marché informel ou chez les bijoutiers, malgré la hausse du prix du métal jaune devenu inabordable, les clients continuent toujours d’affluer.
Malgré la fin de la saison d’été, connue par la hausse systématique du prix de l’or au vu du nombre d’acheteurs, voilà avec l’approche de l’hiver que le métal précieux continue son ascension. Une augmentation des prix qui continue dans le marché algérien, loin d’être à la portée des clients. «Le prix du gramme d’or s’achète à
3 500 dinars et se vend à
7 000», nous renseigné un bijoutier de la capitale. Dans le marché informel, l’or a également grimpé de plusieurs centaines de dinars, affichant ainsi un prix d’achat de parfois 4 000 dinars, et celui de la vente de 6 500 dinars minimum.
Les explications sur la montée des prix diffèrent d’un marchand de rue à un bijoutier. Certains la relient aux cours internationaux, d’autres à la dépréciation du dinar algérien face aux devises étrangères. Selon le site électronique spécialisé des cours officiels du métal précieux www.goldpricedata.com. ce dernier a affiché les cours suivants : le prix des 24 carats à 3 766,51 dinars algériens, les 21 carats
3 295,03 alors que les 18 carats 2 823,97 et au final 2 197,72 les 14 carats. Des prix qui sont loin d’être les mêmes sur les façades des vitrines ou chez les détenteurs d’or informel.
«Delala», la bijouterie informelle
Lorsqu’il s’agit d’or dans le langage algérien, le premier réflexe se dirige vers les vendeuses d’or ou «delala». Leur quartier est situé en plein centre d’Alger, non loin des institutions de l’Etat. Des rues populaires ont été transformées en bijouterie à ciel ouvert au vu et au su de tous. Un fait qui s’est aggravé depuis plusieurs années.
Ici, les delalates (les vendeuses d’or) pratiquent l’activité commerciale dans les rues, à l’entrée des immeubles. Elles sont reconnaissables par les bijoux et les chaînes en or qu’elles ont dans les mains ou autour du cou. Il y a une affluence remarquée durant toute l’année, mais l’été c’est principalement le grand rush. Dans ces conditions, une chose est sûre, les clients ouvrent leurs porte-monnaies à tous les risques.
Acheteurs à vos risques et périls
Nous nous sommes approchés de ce haut lieu d’activité commerciale où se pratique la vente illégale du métal précieux et sans aucun bon de garantie. Ici, l’escroquerie et l’arnaque s’appliquent de façon spontanée. À l’entrée de ce marché informel, un jeune homme nous a prévenu, répétant
l’expression : «Faites attention à votre marchandise». Durant cette mésaventure, nous nous sommes rapprochés d’une vendeuse, Nacéra, assise à l’entrée d’un immeuble. Le but était d’évaluer le prix d’une chaîne en or au poids de 4.1 grammes. «Les prix sont fonction de la qualité de votre marchandise», nous a-t-elle déclaré. La concurrence entre commerçants est rude est parfois violente, sachant que les frontières sont dessinées à l’intérieur du marché et à ne pas dépasser. Une fois qu’un client traite avec un vendeur, il est interdit à ce qu’un autre marchand vienne les déranger. D’ailleurs pendant cette courte visite, cette même vendeuse a failli entrer en conflit avec un jeune qui s’est intéressé à notre offre. Au moment de quitter les lieux, nous avons été importunés par le jeune vendeur qui voulait à tout prix qu’on lui vende notre marchandise. Sur un ton parfois menaçant, il nous a suivi des dizaines de mètres pour redémarrer le négoce. Tout semble suivre le même mode de l’informel en Algérie, habillement, accessoires de cuisine et autres… ainsi que le métal précieux. Il reste à savoir quelle est la quantité d’or qui se distribue dans le commerce souterrain pour se revendre dans ces coins de la capitale.
M. M.