Comme à chaque fin d’année, les Algériens cherchent à s’évader le temps d’une nuit ou deux, afin d’entamer le nouvel an avec un état d’esprit allégé et une patience renouvelée. L’année 2021 a toutefois été si difficile qu’elle a réussi à chambouler les habitudes des touristes.
Alors qu’il était question de frontières fermées en 2020, cette fois ci, il s’agit d’une affaire de portefeuille. Les Algériens sont-ils trop démunis pour se permettre le luxe de voyager ? Tout dépend de la destination, diront certains, tandis que d’autres affirmeront que cela dépend surtout de la monnaie.
Le dinar s’est déprécié de 6,21% par rapport au dollar à l’issue des onze premiers mois de l’année 2021, tandis qu’il a perdu plus de 10 % de sa valeur face à l’Euro. Il s’agit d’une véritable flambée. Alors que la moyenne du taux de change officiel de l’Euro est de 160 dinars à la banque d’Algérie, au marché noir, sa valeur dépasse les 215 dinars, et ne cesse pas de grimper.
Avec une monnaie si faible, les perspectives de faire un saut à l’autre rive de la méditerranée sont vite écartées, au risque de se faire déplumer sur le marché noir des devises. Même la Tunisie, jadis terre sainte des fêtards algériens, n’est plus prisée comme autrefois.
Un mal pour un bien ?
Cette difficulté dressée devant les touristes algériens les a poussé à chercher des alternatives et à guetter des opportunités plus abordables. Il se trouve toutefois que l’on habite le plus vaste pays d’Afrique, ou peut parfois se promener, un bon matin du mois de décembre, en t-shirt sur la plage, avant d’aller prendre son déjeuner sur un sommet enneigé puis enfin son diner au cœur du Sahara.
Une progression pour la destination Sud a été en effet enregistrée à l’approche de ce nouvel an, notamment pour la Saoura et la région du Gourara. «Nous affichons déjà complet. Une demande extraordinaire cette année et nous n’avons plus d’hébergement répondant à nos exigences. Même les vols, il n’y a plus de disponibilité. Que ce soit sur Timimoun ou Tamanrasset», déclare Bendali-Braham, directeur fondateur de Nreservi.com à nos confrères du quotidien El Watan.
Cependant, et même s’il s’agit d’une bonne nouvelle pour le tourisme domestique, il est à noter qu’une virée à Tamanrasset ou une escapade à Djanet sont loin d’être à la portée de la majorité des Algériens. L’année 2022 s’approche, et avec elle son lot de soucis et d’inquiétudes, surtout celles liées à la loi de finances et à la fin de subventions.
Le tourisme domestique, au lieu d’être un levier qui rapporterait au citoyen, est devenu un luxe que beaucoup ne se permettent plus. Le manque d’infrastructures et d’aménagements des endroits touristiques décourage plus d’un, mais le souci crucial réside dans le pouvoir d’achat du citoyen algérien au « revenu moyen ».