Le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine a un impact direct sur l’économie mondiale, notamment les prix des hydrocarbures. En effet, ce conflit menace la stabilité de la livraison des hydrocarbures russes pour l’Europe. D’ailleurs, les pays de l’Union européenne (UE) ont décidé de mettre en place un embargo sur le pétrole russe. Une mesure qui a engendré l’ascension des prix du pétrole, en autres, le Sahara blend algérien qui a dépassé les 123 dollars le baril. Cependant, l’Algérie est-elle réellement bénéficiaire de cette situation ?
Dans un article publié aujourd’hui, le journal français Le Monde tente de répondre à cette question ; expliquant, dans un premier temps, que la flambée des prix des hydrocarbures des suites du conflit russo-ukrainien allait sauver les caisses du pays. Troisième réserve de pétrole en Afrique, après la Libye et le Nigeria ; l’Algérie pourrait gagner 58 milliards de dollars en 2022, selon les évaluations du Fonds monétaire international (FMI).
Dans un second temps, le média français explique le fait que l’Algérie, qui couvre 11 % des importations de gaz de l’Europe, est courtisée par certains pays européens, à la recherche d’alternatives au gaz russe ; et ce, notamment grâce à sa position stratégique sur le plan régional.
En effet, c’est le cas de la troisième puissance européenne, en l’occurrence l’Italie, avec qui notre pays a conclu plusieurs accords, spécifiquement ceux dans le domaine des énergies ; portant sur l’approvisionnement en gaz à travers l’exportation de plus de trente milliards de mètres cubes par an.
Certes, la situation actuelle est profitable pour l’Algérie par rapport aux revenus générés ; mais elle risque d’accentuer l’hégémonie des hydrocarbures au détriment d’une diversification industrielle, souligne la même source ; en rappelant que les hydrocarbures représentent 95 % des exportations et 60 % des recettes fiscales de notre pays.
Flambée des prix des hydrocarbures : vers des conséquences contre-productives pour l’Algérie ?
D’après le même article ; les recettes générées par les hydrocarbures pourraient engendrer une tentation d’aller puiser dans ces revenus ; plutôt que d’aller explorer de nouvelles alternatives. Car la tendance baissière des prix du pétrole entre 2014 et 2017 avait relancé une réflexion sérieuse sur les alternatives du pétrole.
Selon Richard Mira, chercheur associé au Centre d’économie de l’Université Pars-Nord ; « le risque que présente cette tendance haussière, due au conflit russo-ukrainien, est d’avoir un effet contre-productif sur les reformes structurelles annoncées ».
« Sans de réelles réformes structurelles, l’Algérie ne profitera que d’un répit temporaire en 2022 », estime Abderrahmane Mebtoul, économiste spécialiste dans l’énergie ; évoquant « une situation éphémère ».
Hydrocarbures : quelles autres alternatives pour l’Algérie ?
« Si elle améliore son efficacité énergétique », l’Algérie pourrait satisfaire les besoins de l’Europe, explique encore l’économiste Mebtoul ; rajoutant qu’ « il faudrait, par la suite, renforcer les investissements en amont ». Et ce, afin de « permettre la découverte d’hydrocarbures traditionnels ».
Par ailleurs, l’économiste Abderrahmane Mebtoul ne manque pas d’évoquer « la construction d’une centrale nucléaire en 2025, la première en Algérie, qui lui ouvrira le champ face à de nouvelles manœuvres ». Mais aussi, il note « l’impératif de développer les énergies renouvelables » ; actuellement dérisoires, selon lui ; et ce, malgré le potentiel présent en Algérie, notamment concernant l’énergie solaire, « gravement sous-exploité ».