Le poulet, longtemps perçu comme un refuge pour les bourses modestes face au coût élevé de la viande rouge, est aujourd’hui devenu lui aussi un produit de luxe. Malgré les efforts du gouvernement pour réguler le marché, les prix de la volaille continuent leur ascension vertigineuse, au grand dam des consommateurs algériens.
En dépit des importantes quantités de poulet congelé injectées sur le marché, le prix du poulet vivant a connu deux hausses consécutives ces derniers jours, un scénario qui semble se répéter avec une régularité inquiétante.
Rappelons qu’en ce début d’août, le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, avait annoncé une mesure d’urgence avec l’injection de 11 000 tonnes de poulet sur le marché, fixant un prix plafond à 295 DA le kilogramme. Cette initiative, visant à enrayer la spirale inflationniste et à soulager le pouvoir d’achat des ménages, n’a toutefois pas eu l’effet escompté sur la durée.
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Selon nos informations, le kilogramme de poulet se négocie désormais en gros entre 360 et 380 DA, un chiffre qui varie en fonction des régions et du poids. Au détail, les prix dépassent allègrement les 400 DA, tandis que les bouchers annoncent déjà des tarifs supérieurs à 520 DA. Une flambée qui s’explique par un déséquilibre fondamental entre l’offre et la demande.
Pourquoi le poulet congelé n’a pas refroidi le marché ?
En effet, la plupart des aviculteurs ont préféré marquer une pause en cette période de fortes chaleurs et d’incertitudes quant à l’évolution du marché. Cette décision, bien que compréhensible, a considérablement perturbé l’approvisionnement et renforcé la pression sur les prix.
Face à la flambée des prix, les autorités ont tenté d’injecter massivement du poulet congelé importé sur le marché. Si cette mesure a permis d’atténuer quelque peu les tensions, elle s’est révélée insuffisante pour stabiliser durablement les cours.
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Effectivement, la demande, particulièrement soutenue en cette période estivale marquée par l’afflux de vacanciers et la multiplication des célébrations de mariage, a rapidement absorbé ces importations supplémentaires.
Les prévisions pour les prochaines semaines sont alarmantes. La rentrée scolaire et universitaire, en suscitant une demande accrue en poulet, risque d’exacerber les tensions sur les prix.
Il est urgent que le gouvernement anticipe cette hausse saisonnière de la consommation et mette en place des mesures adéquates, telles que l’importation de volumes supplémentaires de poulet congelé, afin d’éviter une nouvelle flambée des prix dès le 15 septembre.
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La crise du poulet met à nu les fragilités du marché algérien de la volaille, où les producteurs, les distributeurs et les consommateurs peinent à trouver un terrain d’entente. Les pouvoirs publics doivent mettre en place des mécanismes de régulation efficaces pour assurer un approvisionnement régulier et à des prix justes.