Deux semaines après l’Aïd El Fitr, la mercuriale continue sa flambée vertigineuse.
Et cela tend à devenir un véritable phénomène social.
Une question : les autorités nationales ont-elles une emprise sur le marché des produits de large consommation ?
Rien n’est sûr, et pour cause. Après une rentrée sociale des plus difficiles et un Ramadhan qui a mis les bourses des familles algériennes à rude épreuve, le retour à la normale n’est pas pour demain.
La flambée des prix poursuit son ascension sans aucune considération pour le pouvoir d’achat du citoyen et en l’absence totale de l’Etat.
Une virée dans quelques marchés du centre du pays a été concluante. Le constat est amer et les ménages sont soumis à une véritable saignée. Comment donc ?
Alors qu’on s’attendait à une baisse des prix après le mois de Ramadhan comme cela est de coutume, il n’en fut rien.
Bien au contraire, les prix des différentes denrées alimentaires, et à leur tête les fruits et légumes, enregistrent ces derniers jours une incroyable envolée.
La coqueluche de la table algérienne, la pomme de terre en l’occurrence, n’est pas cédée à moins de 70 DA alors qu’il y a une semaine, elle était à 40 DA.
Dire que le tubercule devient un produit de luxe! Le prix de la tomate, après avoir oscillé entre 40 et 60 DA semble se stabiliser, au grand dam des ménagère, autour des 90 DA.
D’ailleurs, nombreuses sont celles qui préfèrent se passer de ce fruit en utilisant autre chose à la place.
«Jamais je ne pourrai me permettre de la tomate de mauvaise qualité à ce prix. Je l’ai même supprimée de certains plats au profit du poivre rouge», confie une enseignante universitaire, rencontrée au marché d’El Biar.
D’autres légumes encore, largement consommés, connaissent la même hausse des prix qui laissent les consommateurs perplexes.
Ainsi, ceux des radis affichent 100 DA, des carottes 80 DA et des oignons 50 à 70 DA.
La laitue, elle, est monnayée à 110 DA le kilogramme. La courgette, autre légume de saison, n’affiche pas moins de 90 DA, alors que les haricots verts sont vendus à 80 DA.
Les choux et les cardes, principaux légumes de cette saison, voient leurs prix allant jusqu’à 90 DA pour les premiers et 60 DA pour les seconds.
Le même constat a été fait concernant les fruits devenant, de ce fait, inaccessibles pour la majorité des familles algériennes.
Et pour cause, «les dernières grappes» de raisin sont cédées à 120 DA.
Il en est de même pour la poire de bonne qualité qui est vendue à pas moins de 180 DA le kilogramme, tandis que celle de moindre qualité est généralement cédée au bas mot, à 100 DA. La nectarine frôle les 150 DA et les prunes 130 DA.
Le melon n’est pas en reste puisqu’il est vendu présentement à 75 DA le kg alors qu’il n’y a même pas un mois, il coûtait 35 DA.
Pour ce qui est de la datte, les chefs de famille n’y songent même pas.
Déjà boudée durant le Ramadhan pour sa cherté, son prix a atteint les 300 DA au marché de Ben Omar à Kouba.
Quant à la banane, les vendeurs la cèdent actuellement à 130, voire même à 160 DA dans certains marchés d’Alger, de Blida et de Tizi Ouzou.
Le citron, lui, est tombé aux oubliettes depuis bien longtemps. Et pour cause. Cet agrume par excellence a battu tous les records et a été vendu au marché de Douéra, il y a deux jours, au prix «indécent» de… 600 DA.
Cela alors que l’Algérie est un pays méditerranéen où le climat est des plus favorables pour la production de ce fruit.
Pour ce qui est des viandes, il y a belle lurette que les palais des petites bourses n’en ont pas connu le goût.
En effet, la viande rouge est à 1100 DA le kilogramme, la sardine à 120 DA et le poulet vidé jusqu’à 400 DA.
Dans une pareille confusion, les outils de régulation font défaut et le commerce reste, de ce fait, loin de tout contrôle.
La passivité des pouvoirs publics face à ce statut qui laisse le champ libre aux nombreux spéculateurs qui ne cessent d’augmenter les prix à leur guise sans qu’ils ne soient inquiétés.
Surtout que 65% de la production des fruits et légumes est écoulée sur le marché informel échappant au contrôle en toute impunité.
A ce sujet, El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, a affirmé que son département n’a pas bénéficié des enveloppes budgétaires conséquentes permettant l’éradication de l’informel qui «entache» sérieusement le marché algérien.
Et pourtant, ce secteur a eu, comme première enveloppe financière, huit milliards de DA pour l’amélioration et la création d’espaces commerciaux et leur répartition sur le territoire national.
Mais sur le terrain de la réalité, rien n’a été vu jusqu’à ce jour, sachant, toutefois, que de telles réalisations pourront mettre fin à la spéculation et à l’anarchie.
En attendant cette heureuse perspective, les esprits des citoyens s’échauffent et leur sang bouillonne menaçant du pire.
Meriam SADAT