De nombreux indices convergent pour conforter le gouvernement dans sa volonté de s’attaquer aux monopoles dans le commerce.
La tendance haussière des prix de l’huile et du sucre sur le marché national vient d’être confirmée par l’Office national des statistiques. Dans son dernier rapport, celui-ci précise que le prix des biens alimentaires s’est caractérisé, durant les six premiers mois de l’année en cours, par des hausses dont la plus prononcée a touché le sucre et les produits sucrés (+42,27%). Cette tendance haussière a également concerné les huiles et graisses avec plus de 7,72%. Pourtant, sur le marché mondial, le prix du sucre a connu une importante baisse.
La flambée des prix a toujours été justifiée par leur augmentation au niveau de la Bourse mondiale. Mais la baisse des prix au niveau mondial n’est jamais répercutée au niveau du marché national.
Cette situation pèse lourd sur le budget des ménages. Surtout que ces produits de large consommation sont très demandés pendant le mois sacré du Ramadhan. Pour justement assurer un contrôle rigoureux du marché des produits alimentaires, le ministère du Commerce lance une enquête sur le monopole sur le marché local, notamment sur celui des aliments de base comme l’huile, le sucre et la farine.
«Il ne s’agit pas là d’une démonstration de force à la veille du mois de Ramadhan, mais la démarche s’inscrit dans une série de mesures initiées par l’Exécutif pour libérer le marché des spéculateurs qui font la loi et déterminent les prix, souvent au détriment du pouvoir d’achat des citoyens pris au piège», avait affirmé Mustapha Benbada, ministre du Commerce.
Ces déclarations ont été faites à l’APN à l’occasion de la présentation de deux projets de loi modifiant celles déjà existantes portant sur les pratiques commerciales et sur la concurrence pour ne plus laisser subsister un quelconque monopole.
On a même appris, de source sûre, que les services fiscaux ont ouvert une enquête sur le même dossier. Elle concerne un groupe ayant pignon sur rue en ce qui concerne le marché de ces produits.
Les décisions du gouvernement sont destinées à apporter les correctifs nécessaires aux dérèglements observés sur le marché, notamment les pratiques spéculatives sur les prix, au détriment des consommateurs. La loi permet aux autorités d’intervenir pour définir la marge bénéficiaire appliquée aux produits convoités par les spéculateurs à chaque fois qu’un dépassement est constaté. C’est que les hausses de prix ne grèvent pas seulement le portefeuille du consommateur mais menacent également la paix sociale et il n’est nullement souhaitable de jeter de l’huile sur le feu.
Par ailleurs, l’ONS indique que l’indice des prix à la consommation a connu une variation de +4,62% durant les six premiers mois de l’année en cours, induite essentiellement par la hausse des prix des biens alimentaires qui ont augmenté de 6,46% par rapport à la même période de l’année 2009, dont les produits agricoles frais (+6,12%) et les produits alimentaires industriels (+6,75%).
La baisse n’a concerné que les prix de la pomme de terre (-14,25%), les oeufs (-11,63%) et la viande de poulet (-6,82%). Le reste des produits, outre le sucre, s’est caractérisé par des hausses des fruits frais (+40,63%), précise l’organisme des statistiques. Cette tendance haussière a également concerné, outre les huiles, les poissons frais avec +16,79%, les viandes de boeuf (+13,36%), les boissons non alcoolisées (+17,76%), les viandes de mouton (+8,56%). L’indice des prix a aussi augmenté pour les biens manufacturés à 3,32% et pour les services à 2,67% durant les six premiers mois de 2010 par rapport à la même période de 2009, relève l’ONS.
De janvier à juin derniers, tous les produits de consommation du panier, représentatifs de la consommation des ménages, ont enregistré des hausses.
Par ailleurs, pour le seul mois de juin, l’indice des prix à la consommation a connu une légère croissance de 0,2%, comparativement au mois de mai 2010 qui a connu une hausse de 1,4%, soit une variation proche de celle relevée en juin 2009 (+0,3%), précise l’Office national des statistiques. Les prix des biens alimentaires ont connu une croissance de 0,3%, due essentiellement au relèvement des prix des produits agricoles frais (1%) en juin dernier et par rapport au mois précédent.
En revanche, les prix des produits alimentaires industriels ont enregistré une légère baisse (0,4%), au moment où les biens manufacturés ont augmenté de 0,1% et les services ont stagné, détaille l’ONS.
Nabil BELBEY