moins d’une semaine de la tenue de la session du comité central du Front de libération nationale, le bras de fer se durcit dangereusement entre Abdelaziz Belkhadem et ses contestataires au sein du CC. La tension entre les deux parties est telle que, sauf intervention «d’en haut», le risque d’affrontements physiques n’est plus à écarter.
Il faut dire que les deux camps divergent sur tout ! Surtout sur l’essentiel : l’ordre du jour de la session et la composante même du comité central.
Dans une lettre «musclée» adressée au secrétaire général mercredi dernier, les contestataires font clairement savoir qu’ils rejettent «totalement l’ordre du jour que vous avez (Belkhadem, Ndlr) fixé de manière unilatérale». Un ordre du jour que Belkhadem fixe en trois points que sont, respectivement, «les résultats des législatives du 10 mai 2012, les questions organiques et la préparation des élections locales de 2012».
Ce à quoi, donc, les contestataires opposent leur proposition consistant à limiter l’ordre du jour, «au début de la session, à un seul point, à savoir le vote pour le renouvellement ou le retrait de confiance au secrétaire général». Les contestataires exigent, par ailleurs, d’être associés à tout le processus de préparation de cette session.
Notamment «la constitution d’un comité d’accueil mixte composé de six membres qui se chargeront d’accueillir les membres du comité central à l’entrée de la salle et de veiller à la vérification de la qualité de membre de CC des concernés (…) l’entrée à la salle se fera par la présentation de la carte de membre du CC sans en exclure aucun des membres». aussi, «la présence aux travaux de cette session sera exclusivement réservée aux seuls membres du CC».
Une simple formalité en somme en d’autres circonstances mais qui, cette fois, constitue un aspect décisif pour les uns et les autres. Pour cause, Belkhadem, qui avait proposé de soumettre son mandat à un vote de confiance à bulletin secret, revient sur sa décision sur conseil des membres du bureau politique.
«L’article 38 des statuts est clair, nous confie l’un de ces membres : le comité central a entre autres prérogatives d’élire un secrétaire général pour une durée de cinq ans. Autrement dit, à l’occasion de chaque congrès.» Seulement, les contestataires ont trouvé une brèche dans ces mêmes statuts. Elle se décline sous la forme d’un alinéa dans l’article 13 qui fixe les règles de l’action partisane.
Il y est stipulé en effet que «l’action politique au sein du parti du Front de libération nationale est soumise aux règles suivantes : (…) La présentation des instances exécutives des bilans périodiques de leurs travaux et l’application des principes de contrôle, de questionnement, de renouvellement de confiance ou de son retrait». Belkhadem, qui a lancé, de son côté, il y a quelques jours, une motion de soutien en sa faveur, en est à 120 signatures jusqu’à présent contre 210 qu’est le nombre de ses contestataires.
Et pour gagner la bataille du nombre, l’actuel secrétaire général trouve la parade consistant en l’association des nouveaux députés du parti, au nombre de 221 (en y comptabilisant les 13 indépendants qui ont rejoint le FLN) dans la prochaine session du comité central où il compte les faire siéger ès qualités.
Ce à quoi s’opposent catégoriquement les contestataires. «Nous allons, nous aussi, ramener des militants. Et si Belkhadem fera rentrer ses députés nous ferons de même avec nos militants», nous confie l’un des dirigeants du groupe des contestataires. D’où le risque réel de graves dérapages qui plane sur cette session.
K. A.