«L’énorme quantité de flux de capitaux» vers les économies émergentes est une « bonne chose » et un signe de leur santé, mais peut aussi créer un « risque de surchauffe » pour ces pays, a estimé le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.
Pour l’Amérique latine et plusieurs autres économies émergentes dans le monde, « un des problèmes possibles est l’énorme quantité de flux de capitaux dirigés vers ces économies », a déclaré M. Strauss-Kahn à Lima à l’issue d’entretiens avec le président péruvien Alan Garcia.
« C’est la rançon du succès » auprès des investisseurs internationaux, a ajouté le directeur-général du FMI. « C’est une bonne chose, mais cela peut aussi créer un nouveau type de risques : en particulier un risque de bulle, et un risque de surchauffe », a-t-il mis en garde.
« Je ne veux pas donner l’impression qu’il y a davantage de risques que de raisons de se réjouir », a toutefois souligné M. Strauss-Kahn. « La réalité est que la croissance est de retour, les inégalités se réduisent, l’avenir est positif » pour les économies émergentes.
Néanmoins, ces économies doivent encore gérer avec « prudence » la croissance revenue et les flux d’investissement, a-t-il ajouté, en louant la politique du gouvernement péruvien, « très conscient », selon lui, de ces risques potentiels.
Evoquant plus précisément le cas péruvien, M. Strauss-Kahn a relevé qu’ »avec une reprise en cours qui verra la croissance atteindre 6 à 7% cette année au Pérou, la difficulté maintenant est de gérer le succès en continuant l’élimination graduelle et au bon moment du plan de relance, et d’éviter l’accumulation de pressions inflationnistes, dont les pauvres souffrent le plus », a ajouté M. Strauss-Kahn, selon un communiqué transmis par le FMI à Washington.
A Sao Paulo mercredi dernier, le chef du FMI avait salué les résultats et perspectives de croissance en Amérique latine, au Chili, au Pérou, en Colombie et au Brésil en particulier, tout en mettant en garde contre une possibilité de surchauffe chez le géant sud-américain (190 millions d’habitants).
Le Pérou a connu en mars une hausse de 8,76% de son PIB, sa plus forte croissance en 17 mois, replaçant le pays andin sur des rails de croissance comparables à ceux, parmi les plus élevés au monde en 2008, qu’il suivait avant la crise financière.