La foire de la production nationale s’est ouverte dans un contexte institutionnel différent : une série de mesures avaient été décidées ces deux dernières années en vue de promouvoir le “made in bladi” afin de freiner l’envolée de la facture importations. Cette manifestation se tient également à la veille du lancement du plan de relance 2010-2014 où une plus belle part des marchés, selon le discours officiel, sera réservée aux sociétés locales.
Sur le terrain, les faits restent paradoxalement têtus : l’état des lieux de l’entreprise nationale montre que beaucoup d’efforts restent à réaliser pour que les intentions se transforment en réalisations. Le constat, quitte à le rappeler, n’est guère reluisant : peu de grandes entreprises de production arrivent à émerger en Algérie et peu de grosses firmes sont entre nos mains dans le secteur du BTP pour espérer rafler nombre de mégaprojets. Pendant que le tissu de PME vit de multiples contraintes qui l’empêchent de croître à un rythme rapide, les sociétés d’importation, elles, ne cessent de grignoter des parts de marché. Résultat, en dehors de quelques “hirondelles” qui tentent de tirer l’industrie des biens et services vers le haut, l’Algérie fait du surplace.
Cette situation s’explique par le retard pris par la machine décisionnelle pour inverser la tendance. Le décor semble figé. Le plan massif de mise à niveau des entreprises locales tarde à voir le jour, la stratégie industrielle demeure suspendue à un consensus politique et le poids des intérêts des sociétés de négoce complique les choses. La destucturation de l’ingénierie locale si indispensable, en outre, dans l’accès aux marchés des études, contrôle et suivi des travaux a entraîné d’importants transferts de fonds en devises à l’étranger.
L’heure n’est donc plus aux discours mais aux actes.
Une véritable bataille contre les lobbies de l’importation reste à mener par notamment l’amélioration du rapport qualité/prix des produits locaux, une plus grande adaptation à la demande, un assainissement du marché intérieur et un renforcement de l’expertise locale.
Morale de l’histoire : l’Algérie n’a pas d’autre choix que d’encourager la production nationale si elle veut préserver sa santé financière à moyen et long terme. Mais reste à savoir si les décideurs veulent réellement aller et de manière efficace dans cette direction.
Khaled R.